1 août 2017

Films vus par moi(s) : août 2017


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Bigfoot Junior (Ben Stassen & Jérémie Degruson, 2017) *
Un ado harcelé au collège découvre que son père qu'il croyait mort est Bigfoot et part le retrouver dans la forêt. Un film d'animation belge bien fait et coloré qui s'adresse aux enfants avec ses gentils animaux parlants, ses méchants caricaturaux (ici, les dirigeants d'une entreprise capillaire qui cherche le secret de la repousse des cheveux) et son action trépidante. Je ne suis pas la cible mais j'ai trouvé ça inoffensivement sympathique. Ciné

La planète des Singes : Suprématie / War for the planet of the Apes (Matt Reeves, 2017) *
Parti venger la mort de siens, César se retrouve à conduire la prise d'autonomie des Singes. Une fois dit que les Singes CGI et leurs expressions sont incroyables (ils le sont), ce 3e volet de la nouvelle Planète commence bien mais s'effondre dès l'apparition de Woody Harrelson, en personnage et en acteur outranciers. Le thème si riche est réduit à un scénario formaté et consensuel, Singes pudiquement émasculés compris. Ciné

Dunkerque / Dunkirk (Christopher Nolan, 2017) ***
En mai-juin 1940, l'évacuation des soldats britanniques vue à travers trois actions individuelles (sur terre, sur mer, dans l'air). Un film passionnant dans lequel l'addition de choix de construction et de mise en scène discutables (dislocation des narrations, immersion sensorielle du spectateur, accompagnement musical radical) conduit néanmoins à un morceau de cinéma spectacle violemment lyrique sur le thème des cercles de l'Enfer. Ciné

Réparer les vivants (Katell Quillévéré, 2016) **
Le coeur d'un adolescent mort en voiture est greffé à une quinquagénaire cardiaque. D'après le roman de Maylis de Kerangal, un film sensible sans être lacrimal où l'aspect documentaire est présent (le parcours d'un coeur sur 24h) mais où l'accent est mis sur les émotions des personnages affectés : parents du donneur, receveur et ses proches, personnel médical. Avec de belles idées de mise en scène, surtout au début, et un très bon casting. BR FR

The Jane Doe indentity / The autopsy of Jane Doe (André Ovredal, 2016) **
Propriétaires d'une petite morgue privée, une père (Brian Cox) et son fils (Emile Hirsch) sont chargés de l'autopsie d'une jeune femme découverte sur une scène de crime. Le cadavre leur réserve des surprises. Un bon huis clos d'horreur qui utilise avec brio le décor de la morgue, la lumière et le son pour créer son atmosphère de menace et de tension. La résolution n'est pas à la hauteur du reste mais le film est convaincant, porté aussi par ses acteurs. BR ES

Diabolo menthe (Diane Kurys, 1977) ***
A Paris, l'année scolaire 1963-1964 de deux soeurs au lycée Jules Ferry. Le temps n'a pas entamé la perfection de ce film tendre, drôle et grave à la fois qui touche avec justesse une multitude de sujets, de l'adolescence chez les filles aux tensions sociales et politiques d'avant 1968 tout en dressant une merveilleuse galerie de portraits. Le casting formidable est mené par la jeune Eléonore Klarwein qui incarne une Anne Weber qu'on ne peut oublier. BR UK

Till the end of time (Edward Dmytryk, 1946) ***
Démobilisé en 1945, un Marine revient chez lui et se réadapte difficilement à la vie civile. Sorti quelques mois avant "Les plus belles années de notre vie" de Wyler et sur le même sujet, ce petit film RKO méconnu supplante la célèbre machine à Oscars par sa simplicité et l'audace des thématiques sociales, sexuelles et raciales qu'il évoque. Dorothy McGuire et Robert Mitchum, sensationnels, donnent la réplique au très craquant Guy Madison. DVD Z2 FR 

Altamira (Hugh Hudson, 2016) *
En 1879 au nord de l'Espagne, la découverte de la grotte ornée d'Altamira et la polémique scientifico-religieuse qui suivit. Tout est raconté du point de vue de Sautuola (le découvreur, joué par Antonio Banderas) et de sa petite fille (la jeune actrice est assez mauvaise) et si le film n'a pas de personnalité dans son scénario ni sa mise en scène, il a pour lui de rappeler que la reconnaissance de l'art des hommes de la Préhistoire se fit dans la douleur. BR ES 

Split (M. Night Shyamalan, 2016) **
Un jeune homme atteint de trouble de la personnalité multiple séquestre trois adolescentes. Derrière le huis clos à suspense tendu et l'originalité du profil du ravisseur, le film semble être une métaphore audacieuse sur les ravages des abus envers les enfants. James McAvoy se sort bien d'un rôle difficile mais le meilleur sont les scènes de dialogue avec sa psychiatre (formidable Betty Buckley). Le clin d'oeil final est tout con et déséquilibre le reste. BR DE

La maison sous la mer (Henri Calef, 1947) **
A Flamanville, le coup de foudre adultère entre la femme d'un mineur et un nouveau collègue de celui-ci. Le commentaire social s'invite subtilement dans ce mélodrame conjugal qui mêle naturalisme (le travail dans la mine, la scène syndicale), classicisme dramatique et lyrisme fantastique (la grotte marine). Viviane Romance est filmée plus naturellement qu'à son habitude et est très bien entourée par Clément Duhour et Guy Decomble. DVD Z2 FR 

10 Cloverfield Lane (Dan Trachtenberg, 2016) *
Accidentée, une jeune femme se réveille dans un abri antiatomique, veillée par un survivaliste qui lui annonce qu'une attaque a eu lieu dehors. Un huis clos entre deux puis trois personnages qui joue habilement sur les incertitudes (que se passe-t-il à l'extérieur ? le type est-il un psychopathe ?) avant de passer, dans la dernière partie expédiée, à de l'action en milieu SF. Une sorte de panaché de "Room", "Misery" et "La guerre des mondes". BR FR

Caltiki, le monstre immortel / Caltiki il mostro immortale (Riccardo Freda & Mario Bava, 1959) *
Sur le site maya de Tikal, des archéologues découvrent un organisme unicellulaire monstrueux. Ce film fantastique italien, éhontément inspiré d'autres titres américains (The Blob, Tarentula) ou anglais (Quatermass), serait un navet d'époque sans la photo N&B splendidement contrastée de Mario Bava, qui réussit à donner aux décors et à Caltiki, cette serpillière trempée, comme un air de menace. Le début et la fin sont chouettes. BR UK

Vers sa destinée / Young Mr Lincoln (John Ford, 1939) **
Dans les années 1830, Lincoln (Henry Fonda avec une prothèse nasale) commence à Springfield son activité d'avocat. Loin du biopic, un film qui présente la personnalité du futur Président à travers des séquences d'Americana tour à tour sensibles, amusantes ou élégiaques. Dommage qu'un tiers se concentre sur un procès qui mène la dynamique au point mort. Le reste est magnifique, notamment toutes les scènes avec des femmes. BR ES

Nymph / Mamula (Milan Todorovic, 2014) 0
Dans une île d'une baie du Montenegro, quelques amis partis explorer un fort militaire désaffecté y découvrent une sirène sanguinaire. Si la sirène est peu utilisée au cinéma, ce survival serbe à petit budget n'en sera pas le mètre étalon. Tous les clichés du genre sont au rendez-vous, les acteurs interchangeables (Franco Nero y cachetonne) et la créature juste passable. Les vues des salles et couloirs du fort abandonné en sont le meilleur. BR DE

Forbidden Zone (Richard Elfman, 1980) **
Fauché mais toujours inventif et drôle, un Musical bordélique autour d'une Française qui descend dans la Zone Interdite, domaine d'une méchante Reine et de son Roi nain. L'histoire absurde n'a aucune importance, sauf de s'amuser des freaks, des gays, des juifs et des Français. Le jeu des acteurs est over the top évidemment, les décors en papier et la musique un panache de standards des 20's et 30's et d'Oingo Boingo. Outrancièrement culte. BR UK 

Tarzan / The legend of Tarzan (David Yates, 2016) *
Vers 1890, Lord Greystoke et sa femme Jane reviennent d'Angleterre au Congo pour voir ce que Léopold II mijote avec le trafic d'esclaves et de diamants. Le contexte vaguement historique et la jungle (en CGI) sont le principal intérêt de ce film par ailleurs fabriqué dans ses péripéties et sa mise en scène. Tout est sagement aseptisé et l'érotisme banni. Tarzan (Alexander Skarsgard) et sa compagne (Margot Robbie) sont pas mal, sans plus. BR FR

Justin de Marseille (Maurice Tourneur, 1934) ***
Le conflit entre un sympathique caïd local (Antonin Berval) et un concurrent napolitain autour d'un trafic d'opium. L'histoire est prétexte pour le scénariste Carlo Rim à présenter des vignettes pittoresques sur la population et la culture urbaine et sociale de Marseille. Truffé d'idées de mise en scène, le film est à la fois dynamique, touchant, drôle, violent et pédagogique. Le casting est excellent, panaché de visages connus et anonymes. Formidable. Ciné

American horror story, Saison 1(Ryan Murphy & Brad Falchuk, 2011) *
Murder House. A L.A., une famille achète une maison habitée par les fantômes de ses nombreux occupants précédents. La cohabitation des vivants et des morts est traitée de façon originale dans ces 12 épisodes qui jouent moins sur l'horrifique que sur le psychologique : grâce à l'excellence du casting (dont Jessica Lange), les scènes de confrontation verbale sont plus fortes que celles d'action. Mais le tout est trop long et ne convainc pas. BR FR

Les hommes préfèrent les blondes / Gentlemen prefer blondes (Howard Hawks, 1953) ***
L'une attirée par le diamant et l'autre par le muscle, deux amies showgirls font une traversée mouvementée des USA vers la France. Le film qui fit de Marilyn Monroe une star est une comédie matinée de Musical à prendre comme un comic book animé tant la caricature est partout. Ca marche (sauf peut-être la séquence du tribunal) grâce au scénario risqué, au Technicolor éclatant et à l'alchimie entre les deux vedettes (l'autre est Jane Russell). BR FR

Stars 80 (Frédéric Forestier & Thomas Langmann, 2012) **
Aux abois, Richard Anconina et Patrick Timsit ont l'idée de monter une tournée avec de vieilles gloires du Top 50. Lui mettre *** à l'instar du Cuirassé Potemkine me semblerait abusé mais j'ai trouvé ce film formidablement entraînant, drôle et sympathique en donnant à Peter et Sloane, Lio, Gilbert Montagné, Jean-Pierre Mader, Sabrina ou Jean-Luc Lahaye l'occasion de reprendre avec malice leurs tubes Eighties. Très fun. BR FR

Et au milieu coule une rivière / A river runs thought it (Robert Redford, 1992) 0
Dans les années 1920 dans le Montana, les jours de deux frères adeptes de la pêche à la mouche : l'un extraverti solaire (Brad Pitt, en voie de starisation et filmé comme un jeune Redford), l'autre introverti sombre (Craig Sheffer). Malgré les paysages et le lyrisme romantique des trois dernières minutes, l'académisme amidoné de la mise en scène et la fausseté générale provoque un ennui incoercible. D'où les baillements et le fast forward. BR FR