5 novembre 2016

Films vus par moi(s) : novembre 2016


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

L'enlèvement de Michel Houellebecq (Guillaume Nicloux, 2014) **
Enlevé par trois maîtres chanteurs amateurs, Michel Houellebecq passe quelques jours avec eux dans la maison rustique des parents de l'un d'eux. Entre humour, surréalisme et copinage, ce téléfilm inclassable joue sur le physique et la personnalité atypique de l'écrivain, qui assure son propre rôle avec un masochisme hilare. Les interactions et conversations entre les personnages sont drôles dans le genre absurde. Bonne idée, bon film. DVD Z2 Fr  

Green room (Jeremy Saulnier, 2015) *
Les membres d'un groupe punk sont piégés en backstage d'une salle de concert, repaire de néo-nazis. Un survival pur et dur, claustrophobique et nocturne, traversé d'efficaces moments de tension et de gore. Le casting est sans faute mais certaines actions (ou non actions) des personnages bons et méchants font preuve de la stupidité inhérente au genre. Si le film se regarde sans ennui, il n'en reste pas grand chose après, tout restant à la surface. BR Fr

Solitude / Lonesome (Paul Fejos, 1928) **
Un samedi de juillet 1928, un ouvrier rencontre une standardiste à Coney Island. Ils passent la journée ensemble avant d'être séparés. Ce film sonore de 69', focalisé sur ses deux sympathiques protagonistes (et acteurs), raconte son histoire simple par des touches naturalistes et des effets visuels dynamiques. Dommage que les dialogues des trois courtes scènes parlées soient aussi niais. Autrement, ce serait un parfait chef-d'œuvre. BR US   

Ne m'envoyez pas de fleurs / Send me no flowers (Norman Jewison, 1964) 0
Un hypocondriaque qui se croit mourant induit en erreur sa femme à penser qu'il la trompe. Après les formidables "Pillow talk" et "Lover come back", le troisième film avec Rock Hudson et Doris Day est une comédie de malentendus ratée que le scénario poussif n'arrive jamais à faire décoller et que les acteurs surjouent pour tenter d'animer. Le seul élément intéressant est le rapport franchement ambigu du voisin Tony Randall envers Hudson. BR US

Banana (Russell T. Davies, 2015) **
Complément de "Cucumber" (voir ci-dessous), 8 épisodes de 20', chacun centré sur personnage secondaire de la série. L'ensemble offre un portrait de l'identité LGBT britannique au temps des applications mobiles et de la fragmentation sociale. Drôle ou triste, touchant ou cruel, chaque mini scénario touche des questions très actuelles (revenge porn, immigration, dictat de l'apparence physique...) et est mis en valeur par ses bons acteurs. DVD Z2 UK 

La fin du jour (Julien Duvivier, 1939) **
Les jours de quelques pensionnaires d'une maison de retraite pour vieux comédiens. Les rares moments de tendresse et de mélancolie (tous liés à des personnages féminins) n'allègent pas la misanthropie du film, qui dresse un portrait noir de ces humains au crépuscule de leurs vies, pleins d'ego, de frustration et de peur du vide. Louis Jouvet, Victor Francen, Sylvie... sont splendides mais Michel Simon se laisse aller à un cabotinage assez crispant. BR Fr     

Chaînes conjugales / A letter to three wives (Joseph L. Mankiewicz, 1949) ***
Lors d'une sortie scolaire, trois amies reçoivent un mot d'une rivale les informant qu'elle est partie avec le mari de l'une d'elles. La dynamique du couple, avec ses arrangements et ses insécurités, est subtilement étudiée dans cette excellente comédie conjugale structurée en trois flashbacks. Les situations et les dialogues étincellent, portés par Linda Darnell, Ann Sothern, Jeanne Crain, Kirk Douglas et Paul Douglas. Sans oublier Thelma Ritter. BR UK

Les flics ne dorment pas la nuit / The new centurions (Richard Fleischer, 1972) ***
Le quotidien de deux flics d'une patrouille de nuit à Los Angeles. Ni thriller ni polar, cette chronique humaniste explore les liens entre les policiers et la faune des quartiers, leurs collègues et leurs proches. Rien de spectaculaire ni de dirigé mais une suite de séquences formidablement mises en scène qui s'enchaînent pour dessiner le portrait d'une société en détresse. Stacy Keach et George C. Scott sont excellents et le sujet toujours contemporain. BR Fr   

Dalton Trumbo / Trumbo (Jay Roach, 2015) *
Sur la décennie 1950, les déboires du scénariste Dalton Trumbo avec l'establishment hollywoodien qui l'a blacklisté pour sympathie communiste. La paranoïa accusatrice de l'époque (d'une brûlante actualité) est le fil conducteur de ce biopic fragmentaire qui souffre de simplification et de l'insipidité de sa mise en scène. Bryan Cranston en fait un peu trop dans le rôle titre mais Helen Mirren, Diane Lane et John Goodman sont parfaits. BR Deut

Remember (Atom Egoyan, 2015) **
Atteint d'Alzheimer, un survivant d'Auschwitz s'échappe de sa maison de retraite américaine pour trouver et tuer son ancien tortionnaire nazi. Ce scénario de vigilante, parce qu'il s'appuie sur la mémoire de l'Holocauste, est assez embarrassant (il pourrait poursuivre un mafioso ou un alien, ça serait pareil). Cela dit le film fonctionne, grâce à la présence de Christopher Plummer et de Martin Landau, vieilles gloires impeccables. Gare au twist. BR Deut  

Cucumber (Russell T. Davies, 2015) ***
Un gay de Manchester approchant de la cinquantaine voit s'effondrer son confort et se retrouve en coloc avec deux garçons dans la vingtaine. Cette série de Channel 4 en 8 épisodes commence dans la comédie, évolue vers le drame et finit, loin du feel good, sur une réflexion lucide et touchante sur le fossé générationnel et l'acceptation de soi. Les choses sont dites et montrées, parfois outrancièrement, avec une liberté toute britannique. DVD Z2 UK

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