4 septembre 2016

Films vus pas moi(s) : septembre 2016


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Midnight special (Jeff Nichols, 2016) ***
En Louisiane, un père qui a enlevé son jeune fils doué de pouvoirs extrasensoriels est pourchassé par le FBI. Ce résumé réducteur ne rend pas justice à ce beau film de SF très Eighties dans sa forme mais que la grave humanité transforme en drame intimiste, métaphore sur la loi naturelle des parents devant un jour laisser partir leurs enfants vers leur destin. Michael Shannon et Kirsten Dunst souffrent en silence. Profond et touchant. BR Deut

The innkeepers (Ti West, 2011) 0
Deux jeunes réceptionnistes d'un vieil hôtel en voie de fermeture définitive s'intéressent à une histoire de fantômes qui s'y serait passée. Mais dans le film (que j'ai vu en fast forward après 30 minutes), il ne se passe rien jusqu'au dernier quart d'heure et surtout, la fille (Sara Paxton) qui essaie de jouer l'héroïne est tellement mauvaise actrice qu'elle ruine les dialogues, l'atmosphère et l'intérêt comme un château de cartes. Désespérément nul. BR Deut

Panique (Julien Duvivier, 1946) ***
Inspiré de "Les fiançailles de M. Hire" de Simenon, ce chef-d'oeuvre de Duvivier tourné à La Victorine est une magistrale leçon de mise en scène (cette séquence des auto-tamponneuses !), d'utilisation de l'espace et du décor, d'étude comportementale de l'individu et de la foule. Michel Simon excelle en loup solitaire livré à la rumeur, à la meute et à Viviane Romance, garce magnifique. Très noir, c'est l'un des grands films de l'après-guerre. BR Fr

Le nouveau (Rudi Rosenberg, 2015) ***
Un nouveau en 4e au lycée Montaigne a du mal à se faire des copains. Si le sujet n'est pas révolutionnaire, la finesse de l'écriture, qui panache comique, tendresse et cruauté, et le ton parfois documentaire donnent au film une place à part dans le genre du film de bahut. Et surtout, on est emporté par l'incroyable naturel et dynamisme de ses jeunes acteurs aux personnalités attachantes et aux éclats de rire contagieux. Une réussite. BR Fr 

La nuit de carnaval / Karnavalnaya noch (Eldar Ryazanov, 1956) **
En URSS, les employés de l'Institut d'Economie organisent la fête du Nouvel An avec une liberté mal vue par le sévère apparatchik qui les surveille. Cette comédie célébrissime en Russie, ponctuée de morceaux musicaux, peut sembler anodine et naïve mais son message progressiste, symptômatique de l'immédiat après-Staline, annonce le dégel krouchtchevien. Le film fit de Lioudmila Gourtchenko une star et le Magicolor en met plein les yeux. DVD Z2 Fr

Big eyes (Tim Burton, 2014) *
Dans les Sixties à San Francisco, l'histoire de Margaret Keane, peintre de portraits kitschs aux grands yeux tristes, dont le mari escroc revendiquait la production à succès, jusqu'au procès. Le film raconte platement ce cas original de fraude artistique et commerciale mais le sujet maintient l'attention, comme le jeu d'Amy Adams et la reconstitution de l'époque. Christoph Waltz, lui, joue l'outrance et se plante. Le propos féministe est la meilleure part. BR Fr

Un mois à la campagne / A month in the country (Pat O'Connor, 1987) ***
Deux soldats revenus de la guerre passent l'été 1920 dans la campagne du Yorkshire : Colin Firth à restaurer une fresque médiévale dans une église et Kenneth Brannagh à faire une fouille archéologique dans le champ d'à côté. L'histoire n'est que la toile de fond d'une mélancolique étude de traumas psychologiques et de possibilités refusées. Un petit film solaire dont la force émotionnelle vous cueille par surprise. Avec Natasha Richardson. BR UK

La proie / Cry of the city (Robert Siodmak, 1948) ***
La traque entre deux amis d'enfance italo-américains, l'un devenu criminel (Richard Conte) et l'autre flic (Victor Mature). Un Film Noir qui s'attache surtout à la psychologie de ses personnages principaux et secondaires, plongés dans un univers hostile et corrompu. Conte et Mature sont excellents, les rues de New York apportent un rare aspect documentaire et Hope Emerson est géniale comme toujours en redoutable masseuse. BR UK

Le géant de fer / The iron giant (Brad Bird, 1999) ***
En 1957, un jeune garçon s'attache à un robot géant naufragé d'une autre galaxie et chassé par le FBI. La thématique est rabâchée mais la simple intelligence du scénario, qui mêle aventure, humour, émotion et poésie en respectant sans distanciation les codes des films pararoïaques de SF des Fifties et la qualité de l'animation font de ce dessin animé un classique du genre dont l'échec au moment de sa sortie a été justement effacé. BR US

Everybody wants some!! (Richard Linklater, 2016) 0
En 1980 au Texas, les trois derniers jours d'étudiants colocataires en rut et déconneurs avant la reprise des cours à la fac. Le charme nostalgique opère pendant 15 minutes (My Sharona en B.O., console Space Invaders, coupes improbables...) mais le vide effarant du scénario et la reconstitution fantasmée de l'époque font vite retomber le soufflé, jusqu'à la fin. Un film plat et bébête qui n'a même pas pour lui ses acteurs, tous oubliables. BR Fr  

Ni le ciel ni la terre (Clément Cogitore, 2015) *
Dans les montagnes d'Afghanistan, des soldats disparaissent sans explication de leur garnison isolée. Fusionnant habilement les codes du documentaire, du film de patrouille, du found footage et du fantastique, un film original dont la résolution métaphysico-hermétique n'est pas bien amenée. Ce choix du réalisateur (plus connu comme artiste plasticien) est frustrant. Mais l'idée a de la force et Jérémie Rénier est excellent. DVD Z2 Fr

The sacrament (Ti West, 2014) *
Trois reporters vont voir la soeur de l'un d'eux, membre d'une secte isolée dans la forêt équatoriale. Un found footage inspiré par le drame de Jonestown en 1978 dont la première partie (la découverte de la secte) est bien meilleure que la seconde (le suicide collectif). Le scénario est sans surprise pour qui connaît le fait divers et les moments gore sont plaqués pour l'effet. Un film insipide à part le gourou (Gene Jones) qui est super. BR Deut  

Ordure ! / Filth (Jon S. Baird, 2013) 0
A Edimbourg, un flic torturé et autodestructeur est prêt à tout pour obtenir une promotion. Rien à dire sur les acteurs (James McAvoy est très bien en boule de nerfs) mais la mise en scène flashy et la dispersion provocatrice du scénario qui oscille entre trash, violence, ironie et humour noir, le tout accompagné de musique pop, m'ont exaspéré. Je n'en ai vu que 45'. D'après un roman d'Irvine "Trainspotting" Welsh, ça peut donner une idée. BR Deut 

Le livre de la jungle / The jungle book (Jon Favreau, 2016) ***
De très loin le meilleur auto-remake Disney à ce jour. L'histoire de Mowgli est racontée sur un ton plus sombre que dans l'inoubliable dessin animé de 1967 mais le triomphe du film est surtout dû à l'utilisation géniale des CGI pour recréer l'univers foisonnant de la jungle et des animaux : chaque plan est une merveille de composition, de couleur et d'atmosphère. Il y a longtemps qu'un film ne m'avait pas enchanté visuellement comme celui-là. BR 3D Fr   

Association criminelle / The big combo (Joseph H. Lewis, 1955) ***
Un flic de L.A. tente de coincer un caïd du crime organisé. Sur une trame simple et linéaire, un chef-d'oeuvre à petit budget qui creuse l'ombre et la lumière pour créer de superbes compositions et réserve des séquences de violence et de sexualité rares pour l'époque. L'affrontement obsessionnel de Cornel Wilde et de Richard Conte, l'ambiguïté du couple de tueurs, la blondeur éthérée de Jean Wallace sont de splendides moments du Film Noir. BR US  

La balade sauvage / Badlands (Terrence Malick, 1973) ***
En 1959, le parcours sanglant d'un sociopathe et d'une adolescente influençable. Le premier film de Malick concentre déjà toutes ses marques formelles sans tomber dans le maniérisme pompeux de la suite. Les plats paysages du Dakota du Sud répondent au vide psychique des deux protagonistes, remarquablement interprétés par Martin Sheen et Sissy Spacek (l'histoire est vue à travers la perception éteinte de son personnage). BR US   

La femme au tableau / Woman in gold (Simon Curtis, 2015) **
Le combat juridique de Maria Altman et de son jeune avocat pour récupérer le portrait par Klimt de sa tante Adele Bloch-Bauer, spolié par les nazis et accroché plus de 50 ans au Belvédère de Vienne. Un très bon film-dossier qui va et vient entre 1938 et la fin des années 1990 pour raconter le parcours d'un chef-d'œuvre, un recel d'Etat et la force d'une femme juive (Helen Mirren, excellente) qui se bat pour son bien et la mémoire des siens. BR Fr   

The Beales of Grey Gardens (David & Albert Maysles, 2006) **
Monté à partir d'images non retenues du premier "Grey Gardens" (1976), ce second documentaire est un complément fascinant qui permet d'entrer encore un peu plus dans l'intimité surréaliste de Little Edie Beale et de sa mère Edith Bouvier Beale (cousines déclassées de Jackie Onassis) dans leur propriété-taudis d'East Hampton. Moins construit que l'autre, le film reste un mémorial drôle et tendre à ces deux sublimes excentriques. BR US