2 août 2016

Films vus par moi(s) : août 2016


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Peter et Elliott le dragon \ Pete's dragon (David Lowery, 2016) **
Ce remake, à l'histoire très différente du Disney de 1977, est un pur film pour enfants classique, sans aucune ironie ni hystérie, autour de l'amitié mise en péril par les adultes entre un jeune orphelin et un dragon des forêts aux pouvoirs de caméléon. Si le dragon CGI fait un peu gros chien en peluche et le scénario ne réserve aucune surprise, ça fait plaisir de voir qu'un studio peut encore produire un film pour enfants d'une telle sincérité. Ciné

La cage dorée (Ruben Alves, 2013) **
Suite à un héritage, un couple portugais installé depuis trente ans à Paris (elle gardienne, lui maçon) hésite à retourner au pays. Une comédie vraiment sympathique qui se joue avec autant d'humour que de tendresse des attitudes et des habitudes de la communauté portugaise en France. Les clichés sont au rendez-vous, la vérité aussi sans doute. Le casting impeccable (Rita Blanco porte le film) surclasse la mise en scène anodine. BR Fr 

Clown (Jon Watts, 2014) *
Après s'être déguisé en clown pour l'anniversaire de son fils, un type ne peut plus retirer le costume et se transforme en un monstre sanguinaire. Ce petit film d'horreur familiale qui joue sur l'inquiétude que peuvent susciter les clowns ne lésine pas sur le choc et le gore mais après un très bon début, le scénario (une variation sur "La mouche" de Cronenberg) patine en ruinant les promesses. Le maquillage du clown en métamorphose est excellent. BR Deut    

(Untitled) (Jonathan Parker, 2009) 0
Les 40' que j'en ai vu en continu et le reste en fast forward m'ont suffi : les clichés accumulés et les personnages caricaturaux d'artistes sombres et frustrés, de galéristes séducteurs et de collectionneurs naïfs (le tout joué par des acteurs très moyens) font de ce petit film indépendant - inédit en France - sur le petit monde de l'art contemporain new yorkais un ratage sur toute la ligne. Un de ces films où même l'accéléré semble faire du sur place. BR US

Black mirror - Saison 1 (Charlie Brooker, 2011) ***
Une série britannique (pas un feuilleton : chacun des 3 épisodes est indépendant) sur les risques des nouvelles technologies. Le Premier Ministre est conduit à s'accoupler à une truie sur YouTube ; Un candidat à un concours genre The Voice se révolte ; Une puce implantée dans le crâne enregistre la vie quotidienne. Bien écrit, joué, réalisé et d'une passionnante - et effrayante - actualité thématique, de la vraie SF intelligente. DVD Z2 UK

Gods of Egypt (Alex Proyas, 2016) 0
Les préados semblent avoir été le public visé par les producteurs de cette machine déglinguée dont le sujet qui a peu servi au cinéma (les dieux de l'Egypte sont entraînés dans la lutte entre Horus, secondé par un jeune mortel, et son fourbe oncle Seth) est ruiné par un scénario à l'humour dégonflé et une mise en scène qui abuse en roue libre des CGI. J'aurais pu mettre * pour la vulgarité kitsch de la direction artistique mais même pas. BR Fr 

Eldorado (Bouli Lanners, 2008) ***
Un type dépressif et le jeune drogué qui a tenté de le cambrioler traversent ensemble la Belgique en voiture. Un road-movie au ton inattendu qui cadre le plat pays comme un western crépusculaire et où la comédie absurde, très drôle, cède peu à peu la place à la mélancolie. Bouli Lanners et Fabrice Adde campent magistralement deux déclassés au lien attachant qui rencontrent sur leur route des individus encore plus frappés qu'eux. Réussi. BR Fr

Hôtel du Nord (Marcel Carné, 1938) **
Les séquences autour des pittoresques personnages de l'hôtel sont aussi formidables d'écriture, de drôlerie, de jeu d'acteurs et de mise en scène que celles qui impliquent le jeune couple mélancolique (Annabella et Jean-Pierre Aumont, les yeux dans le vague et la voix plaintive) sont niaises. Le film en souffre un peu mais dès qu'Arletty apparaît et parle, il rejoint le firmament. Un classique bancal sur le thème des multiples voies de l'Amour. BR Fr 

L'homme qui voulait vivre sa vie (Eric Lartigau, 2010) **
Un avocat parisien installé tue accidentellement un photographe dont il usurpe l'identité pour recommencer au Monténégro la vie dont il rêvait. Cet hybride de drame psychologique et de thriller (d'après Douglas Kennedy) tient en haleine sur toute sa durée grâce au dynamisme du scénario et à ses excellents acteurs (Romain Duris, Marina Foïs, Niels Arestrup, Catherine Deneuve et Branka Katic) qui donnent corps aux fêlures des personnages. BR Fr  

La maison démontable / One week (Buster Keaton & Eddie Cline, 1920) ***
Le second court-métrage réalisé par Keaton lui-même (mais sorti le premier) est un chef-d'oeuvre de 22' d'inventivité comique. Son personnage y reçoit en cadeau de mariage une maison en kit au montage compliqué. Les formidables gags et cascades s'enchaînent à un rythme effréné dans une mise en scène d'une précision d'horlogerie. Et le couple qu'il forme avec Sybil Seely qui tente de monter la maison avec lui est la cerise sur le gateau. BR UK

Batman v Superman : L'aube de la justice / Batman v Superman: Dawn of justice (Zack Snyder, 2016) 0
Le crossover ultime est un pudding indigeste de près de 3h où l'émotion et les traces d'humour sont totalement absentes et où la structure du récit volontairement alambiquée détruit vite l'intérêt que peuvent éveiller les toutes premières séquences. Le combat final avec le troll qui semble sorti d'un film de Peter Jackson est d'une bêtise et d'une laideur sans nom. Mais vu sous l'angle de la propangande, c'est un monument de rhétorique américaine. BR Deut 

Ave, César ! / Hail, Caesar! (Joel & Ethan Coen, 2016) **
Une brochette de stars actuelles pastiche une brochette des stars fictives de 1951 dans cette comédie qui préfère la retenue à l'outrance. Un producteur doit régler les imprévus de tournage de plusieurs films (peplum, musical et mélo) et affronter des communistes et deux columnistes. Le scénario sait assurément de quoi il parle dans une suite de séquences qui se moque tout en rendant un hommage souriant aux studios de l'Age d'Or hollywoodien. BR Fr

Daheim sterben die Leut' (Klaus Gieriger & Leo Himer, 1985) *
Je n'ai pas compris grand chose, le film est en patois du sud de l'Allemagne, sans sous-titres. C'est une satire des Heimatfilme (films de terroir allemands) où un village de l'Allgaü se querelle autour d'une source juste découverte. Les acteurs non professionnels dressent le portrait d'une communauté rurale qui passe ses heures entre les champs, la taverne et les bondieuseries. C'est féroce et tendre à la fois et apparemment culte en Allemagne. BR Deut

La tentation d'Aaron / Latter days (C. Jay Cox, 2003) *
L'attirance mutuelle entre un jeune missionnaire Mormon arrivé à Los Angeles et son voisin extraverti et out. Un petit film à thématique gay au scénario prévisible - entre comédie et drame - qui ne se distingue pas du tout venant du genre si ce n'est la justesse de Steve Sandvoss (qui joue le Mormon tiraillé) et de la toujours formidable Mary Kay Place (sa mère). Le message est simple et clair : connais-toi toi-même et choisis les tiens. BR UK 

Le voleur de bicyclette / Ladri di biciclette (Vittorio de Sica, 1948) ***
Un colleur d'affiche qui s'est fait voler son vélo (son outil de travail) le cherche dans Rome avec son fils. Son statut de classique a fait de ce film un intouchable. Le découvrir confirme son excellence : l'évocation de l'économie désastreuse de l'Italie de l'après-guerre, le tournage dans une Rome déserte de voitures, le sensibilité bouleversante du jeu de Lamberto Maggiorani et du petit Enzo Staiola subliment jusqu'à sa fin ouverte cette fable humaniste. BR Fr

The major / Mayor (Yury Bykov, 2013) **
Dans une province morne et enneigée de Russie, un officier de police tue un enfant par accident et s'en dédouane en accusant la mère avec la complicité de sa hiérarchie. La mise en scène sèche et épurée, ponctuée d'éclats de violence, tisse l'histoire d'une escalade, dont la noirceur fait penser à Dostoievski, sur l'amoralité des individus, la corruption de l'institution et l'enfer de la culpabilité. Une tragédie russe sans aucune concession. BR US

Anomalisa (Charlie Kaufman & Duke Johnson, 2015) ***
Un auteur dépressif de best sellers sur le marketing passe une nuit dans un hôtel de Cincinnati. Ce formidable film d'animation en stop motion (l'effet est fascinant) dont l'esprit rappelle Kafka parle avec franchise de la crise de la cinquantaine et de la solitude anonyme en Occident. Les marionnettes qui pensent, pissent et baisent traduisent les sentiments avec une humanité assez bouleversante. Une merveille de technique et d'émotion. BR Deut 

La Résurrection du Christ / Risen (Kevin Reynolds, 2016) *
Produit par Affirm Films, la branche "films chrétiens" de Sony, un peplum sur un Romain athée (Joseph Fiennes) envoyé par Pilate à la recherche du corps de Jésus disparu de son tombeau. Un point de vue original sur l'acte fondateur du Christianisme donc, mais formaté (sans surprise) pour exalter la Bible Belt américaine et internationale. Avec un choix radical d'acteurs aux physiques très moyen-orientaux pour Jésus et l'Apôtre Pierre notamment. BR UK

Le cercle de sang / Berserk! (Jim O'Connolly, 1967) *
La propriétaire d'un cirque itinérant fait face à une série de meurtres de ses employés. Ce petit thriller britannique n'aurait d'intérêt que ses couleurs criardes s'il ne s'agissait de l'avant-dernier film de Joan Crawford, en tenues coordonnées et glamoureusement photographiée. Sa présence seule arrive à le tirer de l'oubli, même si Diana Dors balance quelques répliques vachardes et Ty Hardin tombe la chemise plus que nécessaire. DVD Z2 Esp

Spotlight (Tom McCarthy, 2015) **
En 2001, la petite cellule d'investigation du Boston Globe enquête sur des actes de pédophilie commis par des prêtres et couverts dans la durée par les autorités catholiques de la ville. Un bon film-dossier, héritier direct des "Hommes du Président" (Pakula, 1976) et construit comme un policier, sur une révélation publique aux conséquences toujours actuelles. La réalisation est aussi efficace que le casting dans la narration de cette désolante histoire. BR Fr

Carol (Todd Haynes, 2015) ***
Au début des années 50 à New York, le coup de foudre entre une bourgeoise installée et une jeune employée de magasin. D'après un roman de Patricia Highsmith, un film des sentiments à l'épreuve de la règle sociale dont la brillante mise en scène (la récurrence des plans depuis des voitures comme le fragile enfermement des personnages) et le jeu subtil de Cate Blanchett et Rooney Mara (géniale) hissent au niveau du chef-d'oeuvre. BR Deut 

2 commentaires:

  1. "Black Mirror" est une série envoutante mais totalement terrifiante. Cela montre les dérives probables de notre connexion de plus en plus importante.
    A voir absolument !
    Paradis Hunter

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    1. Oui, c'est de la SF qui semble déjà dans le présent, c'est ça qui est effrayant. Une super série qui fait plus que distaire.

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