2 juillet 2016

Films vus pas moi(s) : juillet 2016


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Le boucher (Claude Chabrol, 1970) ***
A Trémolat, tranquille petit village de Dordogne, le boucher sympathise avec la directrice d'école alors que des meurtres sont commis. Les névroses et les sentiments s'expriment à couvert dans cette comédie romantique qui vire au thriller psychologique entre deux âmes seules, superbement incarnées par Jean Yanne et Stéphane Audran. Un des meilleurs Chabrol, qui concentre à lui seul plusieurs des courants de fond de l'oeuvre du réalisateur. DVD Z2 Fr 

Amy (Asif Kapadia, 2015) *
Ce documentaire de 2h retrace avec des images d'archives privées et des interviews audio récents le parcours autodestructeur d'Amy Winehouse (1983-2011) en faisant l'impasse sur son formidable talent vocal et d'écriture pour se concentrer, comme le ferait un tabloïd, sur sa descente aux enfers et sa relation toxique avec son boyfriend/mari. D'où un sentiment de tristesse funèbre et de gâchis, d'une jeune femme trop fragile et d'un vrai sujet. BR UK 

Pumping iron (George Butler & Robert Fiore, 1977) **
A Los Angeles et Brooklyn, la préparation de quelques compétiteurs au concours Mr Olympia 1975 de Pretoria. Au-delà de la plongée dans le monde alors méconnu du bodybuilding, ce très bon documentaire est une métaphore éloquente sur la philosophie du Self Made Man et de l'American Dream. Lou Ferrigno est touchant en Hercule introverti mais c'est Arnold Schwarzenegger qui triomphe avec son assurance et charisme ravageurs. BR Deut

La charge héroïque / She wore a yellow ribbon (John Ford, 1949) ***
Etonnant western, à la fois archétypique et atypique. Il y a John Wayne, Monument Valley, une patrouille de Cavalerie, des Indiens qui crient... mais la parcimonie de l'action et la concentration sur l'affect des personnages en font une ode mélancolique (mais pas triste du tout) sur le temps qui passe et le renouveau des générations. Wayne est grand - sa scène au cimetière est exceptionnelle - et le Technicolor Kalmus flamboie comme jamais. BR US 

Une histoire immortelle (Orson Welles, 1968) *
Un Welles tardif et mineur, moyen métrage de 55' réalisé pour l'ORTF, d'après une nouvelle de Karen Blixen sur un riche vieillard qui paye une femme (Jeanne Moreau) et un marin pour qu'ils s'accouplent. Quelques belles images et la mélancolie de la musique de Satie n'empêchent pas ce film théâtral d'être très loin, dans sa forme, des possibilités du réalisateur. Welles est imposant en vieux millionnaire tentant de racheter une jeunesse. BR Fr

Dans la maison (François Ozon, 2012) *
Un prof de français désabusé (Fabrice Luchini, très bon dans la sobriété) s'improvise mentor d'un lycéen de 16 ans qui rédige ses jours d'invité dans la maison familiale d'un ami. Le film commence par intriguer avant que son scénario narcissique et ses références prononcées (Pasolini, Hitchcock, Highsmith...) le fassent tomber dans l'artifice pour le mener nulle part. Une métaphore sur la vampirisation créatrice qui tourne à l'exercice de style. BR Fr

El club (Pablo Larrain, 2015) **
Dans une maison d'un village côtier du Chili, cinq prêtres pédophiles mis à l'isolement par leur hiérarchie sont harcelés par une ancienne victime de l'un d'entre eux. Sur un sujet sulfureux, ce film austère dont chaque scène baigne dans une brume bleutée semble comme une interprétation contemporaine du Purgatoire, où les criminels et les victimes se répondraient sans fin. Audacieux et exigeant dans le fond comme dans la forme. DVD Z2 Fr

99 homes (Ramin Bahrani, 2014) *
En Floride, un jeune chômeur (Andrew Garfield) est embauché par l'agent immobilier prédateur (Michael Shannon) qui l'a exproprié de sa maison. L'amoralité du capitalisme sauvage et de la finance dans le sillage de la crise des subprimes est le fond de ce drame dont l'excellente première partie (sur la cruauté des évictions) fait place à un conflit de culpabilité à la résolution banalement conformiste. Plus de cynisme aurait mieux payé. Dommage. BR Deut 

Zatoichi (Takeshi Kitano, 2003) 0
Tentative ratée de regarder le seul genre de film que je déteste : le film de sabre asiatique. Pas de surprise avec celui là, que j'ai fast forwardé au bout de 45'. Scénario et rythme hésitants (le milieu du film est interminable), accélérations aux giclées de sang répétitives, humour potache et décalé. Pourtant, les compositions et la photo sont superbes, les personnages attachants et le final en musical inattendu est une vraie merveille. Mais non. BR Fr