2 octobre 2015

Films vus par moi(s) : octobre 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Le Magnifique (Philippe de Broca, 1973) *
Un écrivain de série Z transpose sa vie quotidienne dans les aventures de son héros d'espionnage Bob Saint Clare. L'idée est originale et sympa et je me suis laissé prendre par le charme de la première moitié de cette comédie absurde, de Jean-Paul Belmondo et de Jacqueline Bisset dans des double rôles mais la répétition des situations et l'hyperactivité générale (récurrente chez de Broca) ont fini par me casser grave les pieds. C'est comme ça. BR Fr   

Le cousin Jules (Dominique Benicheti, 1972) **
Superbement filmés entre 1968 et 1972 en Scope et Stéréo, les jours qui s'écoulent en se ressemblant d'un vieux forgeron bourguignon et de sa femme. Il ne se passe rien de spécial (le seul drame est comme escamoté) à part taper sur l'enclume, chercher les fagots et manger la soupe au pain... Mais la poésie métaphysique qui se dégage de ce film documentaire est unique, comme le travail sur le son qui donne vie à la vie de la campagne. BR Fr 

San Andreas (Brad Peyton, 2015) *
Comme l'hypertrophié Dwayne Johnson, un film catastrophe où le too much digital imprègne chaque plan. Sur la faille de San Andreas, Los Angeles puis San Francisco sont dévastés par un tremblement de terre puis un tsunami qui séparent puis rapprochent les membres d'une famille middle class. Le scénario formaté est sur le modèle de "2012" (Emmerich, 2009), les images, la dynamique, la vulgarité et l'issue aussi... Tout juste regardable. BR Allem 

Les Misérables (Henri Fescourt, 1925) ***
Quatre parties, six heures de projection : cette adaptation muette de Hugo, pour fleuve qu'elle soit, est tellement bien construite et offre tant de belles séquences, qu'on ne voit - presque - pas le temps passer (seule la séquence de la Rue Plumet traîne un peu). La mise en scène, qui utilise beaucoup les décors naturels, est un modèle d'efficacité. Et Gabriel Gabrio, qui porte le film, est inoubliable en Jean Valjean. Restauration somptueuse par Pathé. Théâtre du Châtelet avec un solide accompagnement au piano de Jean-François Zygel.

Jurassic World (Colin Trevorrow, 2015) *
Ca se regarde un samedi soir et on ne s'ennuie pas mais au final, on a l'impression d'avoir déjà vu tout cela il y a vingt ans et l'aspect mécanique du scénario attendu transforme le film en produit de série. Bryce Dallas Howard, comme toujours, surclasse son rôle et les gamins sont plutôt corrects, les autres acteurs interchangeables. Et les dinosaures ? Oui bien sûr, mais il y a vingt ans déjà... Pas une réussite, pas un ratage. Juste sans mordant. BR Fr

Margin call (J.C. Chandor, 2011) ***
Dans un gratte-ciel de Manhattan, quelques traders et le CEO découvrent la faillite prochaine de leur banque d'investissement et décident de sauver leur peau. Un passionnant huis-clos nocturne, nerveux comme un thriller et froid comme un reptile, sur les rouages de la haute finance et la psychologie de ses acteurs. Inspiré par la chute de Lehman Brothers et les débuts de crise de 2008. La mise en scène est impeccable et le casting hors pair. BR Fr  

Une nouvelle amie (François Ozon, 2014) **
L'ambiguïté du genre est poussée à son paroxysme dans cette libre adaptation de Ruth Rendell où une jeune femme dont la meilleure amie vient de mourir s'en découvre une nouvelle dans le mari travesti de celle-ci. Romain Duris en veuf travesti, Anaïs Demoustier en inconsolable qui retrouve le sourire et Raphaël Personnaz en époux dépassé sont excellents et le scénario à twists dessine une ode à la différence qui tape dans le mille. BR Fr

Il sapore del grano / La goût du blé (Gianni da Campo, 1986) **
Dans la campagne vénitienne, un garçon de 12 ans s'amourache d'un jeune professeur stagiaire. Un petit film qui traite d'un sujet périlleux avec tact et pudeur (peut-être trop, la tolérance de la famille de l'élève est peu crédible) et sensualité en posant de justes questions sur le besoin d'attention et d'affection de chacun, âges et sexes confondus, sans pousser le bouchon trop loin. Marina Vlady apporte sa caution professionnnelle au casting. DVD Z2 Ital

Borgman (Alex van Warmerdam, 2013) ***
Le mystère maintenu jusqu'au bout de l'identité et des motivations de cet homme des bois (et de ses sbires) réfugié chez une famille bourgeoise néerlandaise donne au film une affectation un peu regrettable mais il n'empêche que plusieurs scènes sont marquantes, l'inquiétude et la tension permanentes, l'humoir noir distillé et l'allégorie (sur le quotidien du Diable ? le Grand Remplacement ?) vraiment originale. A chacun son interprétation. BR Allem

Hell's angels / Les anges de l'Enfer (Howard Hugues, 1930) **
Pendant la Première Guerre Mondiale, les aventures militaires et sentimentales de deux frères, pilotes dans l'aviation anglaise. Les spectaculaires séquences d'action sont très bonnes (le Zeppelin, le dépôt de munition) mais de longs passages de dialogues cassent le rythme de ce film qui n'atteint pas le chef-d'oeuvre "Wings" (Wellman,1927). Avec une séquence de bal en Technicolor bichrome et Jean Harlow qui débute. DVD Z1 US

Retreat, Hell! (Joseph H. Lewis, 1952) *
Tourné en plein milieu de la guerre de Corée (1950-1953) avec des inserts d'images d'actualités, un film de propagande de série à petit budget sur un bataillon de Marines qui subit les attaques conjointes de soldats chinois et du froid dans des collines enneigées coréennes. Frank Lovejoy, Richard Carlson et le jeune Rusty "Russ" Tamblin incarnent trois militaires d'âges différents unis dans l'adversité. Le mise en scène va à l'essentiel, sans plus. BR US 

Small soldiers (Joe Dante, 1998) *
Des jouets en plastique animés, Marines et monstres, s'affrontent dans la maison d'une famille américaine. Sur un scénario très proche de celui de son "Gremlins" (1984), l'anarchisme en moins (les enfants sont clairement le public visé), Dante tente d'en répéter le succès mais le décalque trop criant et l'action trop uniforme en émoussent l'intérêt. Les petits Animatronics, eux, sont très réussis et reposent des effets digitaux formatés d'aujourd'hui. BR Allem    

An inspector calls / Un inspecteur vous demande (Guy Hamilton, 1954) ***
Cette adaptation filmée de la pièce de J.B. Priestley réussit à être du cinéma tout en restant théâtrale, par une mise en scène discrète et des dialogues ciselés portés par un excellent casting (Alastair Sim est fascinant en mystérieux inspecteur). L'histoire d'une jeune femme du peuple démolie par une famille bourgeoise dans le Londres de 1912 est un brûlot marxiste d'une rare violence sociale. Avec une scène finale qui flirte avec le fantastique. BR Fr

Le bossu (Philippe de Broca, 1997) **
Un très bon cape et d'epée à l'ancienne (anachronique en 1997), la version de Broca du roman de Paul Féval raconte la vengeance d'honneur et d'amitié de Lagardère pour Nevers sous la Régence avec de beaux décors et paysages, une mise en scène dynamique qui ménage habilement action et sentiment et une musique enivrante. Mais Daniel Auteuil, Fabrice Luchini et Marie Gillain n'ont pas le charisme qui porterait le film aux sommets. BR Fr

Neighbours / Nos pires voisins (Nicholas Stoller, 2014) 0
Il y a évidemment des clients pour ce genre de film (comédie graveleuse à tendance sociétale pour trentenaires) où surnagent quelques pépites comme "I love you, man" (2009). Ici, un couple entre en guerre contre une fraternité bruyante qui a aménagé le pavillon d'à côté. Mais à part quelques blagues potaches amusantes, c'est l'ennui qui s'étale du jeu outré des acteurs potes, des répliques hurlées et de l'imbécilité crasse et réac de l'ensemble. BR Fr

Jupiter ascending / Jupiter : Le destin de l'Univers (The Wachowskis, 2015) 0
Un navet XXL stupide, moche et boursouflé autour d'une princesse intergalactique (Mila Kunis, transparente) laveuse de chiottes aux prises avec un méchant d'opérette (Eddie Redmayne, ridicule) et protégée par un athlète aux oreilles de satyre (Channing Tatum, le seul atout du film). La débauche de cités célestes, d'explosions et de combats aériens assomme tandis que le fourvoiement des Wachowskis consterne. Fast forwardé. BR Allem

L'affaire des poisons (Henri Decoin, 1955) **
A la fin des années 1670, Mme de Montespan demande à la Voisin aidée du père Guibourg de la débarrasser de Mlle de Fontanges, jeune maîtresse de Louis XIV. Un bon film historique où Danielle Darrieux en favorite donne la réplique à Viviane Romance (formidable) en empoisonneuse sous l'oeil de Paul Meurisse en prêtre débauché. Cette galerie de personnages amoraux est un régal, comme le Technicolor et les décors proto-Hammeriens. BR Fr

Cinderella / Cendrillon (Kenneth Branagh, 2015) 0
Une mise en images narrative qui reprend presque scène par scène les séquences du dessin animé de 1950 avec une désespérante platitude. Ce qui était sympathique en animation devient d'une rare fadeur, alourdi par un casting peu inspiré (même Cate Blanchett en marâtre est plus que médiocre) et une mise en scène sans un geste d'inventivité. Mais le film enchantera les petites filles de 7 ans et demi et certains petits garçons. BR Allem

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