25 décembre 2015

Joyeux Noël !



Divine in Female Trouble (John Waters, 1974) ***

8 décembre 2015

Films vus par moi(s) : décembre 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Goupi Mains Rouges (Jacques Becker, 1942) ***
Une famille d'agriculteurs se déchire et fait corps autour d'une morte et d'un magot caché. Cette galerie de personnages formidablement bien écrits, qui ont tous un surnom liée à une petite manie (Mes Sous, Tisane, Tonkin, Cancan, La Loi, L'Empereur, Dicton...), tourne en huis clos dans une ferme et révèle avec humour et clairvoyance des liens et des rancoeurs universels. Le casting étincelle, mené par Fernand Ledoux et un Robert Le Vigan génial. BR Fr

Susie & les Baker Boys / The Fabulous Baker Boys (Steve Kloves, 1989) 0
Un ennui insurmontable se dégage de ce film dont la première heure (je n'ai pas vu le reste) est toute entière sur le même ton monocorde, entre le personnage désabusé de Jeff Bridges, celui nerveux de Beau Bridges et la langueur feinte de Michelle Pfeiffer. L'histoire de ce duo de frères pianistes qui engage une chanteuse (très médiocre) ne décolle à aucun moment, la musique de piano bar est chiante et la mise en scène routinière. BR Fr 

How I ended this summer / Kak ya provel etim letom (Alexei Popogrebsky, 2010) 0
Dans le Grand Nord russe, une crise de confiance s'installe entre deux météorologistes (un quadragénaire, l'autre dans la vingtaine) confinés près de l'Océan Arctique. Le rude paysage et les deux bons acteurs font que le film se suit mais au final, le sentiment de malhonnêteté l'emporte, à cause des multiples situations et actions volontairement non expliquées qui confinent à la pose artistique. Un film artificiellement énigmatique, roublard. BR UK  

These final hours (Zak Hilditch, 2013) **
Un mec taiseux et une petite fille roulent à travers la région de Perth pour chercher leurs proches respectifs dans les dernières heures avant la fin du Monde. Derrière l'alibi d'un film d'Apocalypse, une ode élégiaque et funèbre aux relations humaines, tissée de clichés autant que de scènes originales et portée par la présence intense des deux acteurs principaux, improbable couple de hasard. Un petit "Melancholia" australien qui fait son effet. BR Allem 

Trois souvenirs de ma jeunesse (Arnaud Desplechin, 2015) 0
Aïe ! J'adore "Rois et reine" et "Un conte de Noël" mais celui-là, patatras. Le début promettait mais en entrant dans l'histoire d'amour de Paul et d'Esther, j'en suis sorti. Personnages insupportables, écriture et dialogues narcissiques, jeu affecté du jeune Quention Dolmaire (sorte de néo Charles Denner, il ira loin quand plus retenu) et chichitteries de mise en scène. La séquence finale avec Amalric est grotesque. Aucune affinité. BR Fr

La griffe du passé / Out of the past (Jacques Tourneur, 1947) **
Robert Mitchum est ramené aux liaisons dangereuses de son passé de détective dans ce film noir où les motivations criminelles des personnages, escrocs (Kirk Douglas) et femmes fatales (Jane Greer, Rhonda Fleming), sont aussi obscures que les zones d'ombres de la magnifique photo en N&B. La force de film archétypal repose surtout sur son utilisation expressionniste de la lumière, éclatante de sérénité, menaçante de corruption. BR US 

The homesman (Tommy Lee Jones, 2014) ***
En 1855, une pionnière (Hilary Swank) s'adjoint un vagabond (Tommy Lee Jones) pour conduire trois femmes ayant perdu la raison à travers le Nebraska. Un western crépusculaire qui présente la conquête de l'Ouest sous l'angle peu commun de l'isolement et de la folie. Le minimalisme des plans, basé sur l'horizon des plaines, créé un vide où s'inscrivent les personnages superbement écrits. Un voyage dans les ténèbres de l'Ouest. BR Fr

Le labyrinthe du silence / Im Labyrinth des Schweigens (Giulio Ricciarelli, 2014) *
A la fin des années 50 à Francfort, un jeune procureur cherche à traduire en justice d'anciens SS d'Auschwitz (dont Mengele) et réveille un passé refoulé. Le film raconte un moment charnière de la culpabilité et de la mémoire collectives allemandes et c'est très intéressant mais l'absence de toute ambition cinématographique le rabaisse au niveau d'un docudrama. Pédagogique mais pas plus, le produit parfait pour une soirée Thema d'Arte. BR Fr

Lumière ! Le Cinématographe 1895-1905 (Institut Lumière / Thierry Frémaux, 2015) ***
114 films Lumière superbement restaurés composent le programme. Certains sont illustres (La sortie d'usine, L'arrivée du train, L'arroseur, Le repas de bébé...) d'autres méconnus, tournés en France ou ailleurs. Tous signent la naissance du cinéma, documentaire surtout (les meilleurs) ou de fiction pour quelques uns (les plus faibles). Voir la vie qui va il y a 120 ans est magique, les plus petites choses y prennent la carrure de l'épique. BR Fr 

Muriel / Muriel's wedding (P.J. Hogan, 1994) ***
Une jeune femme au physique ingrat qui étouffe dans sa famille de losers de la province australienne et qui rêve d'un beau mariage en écoutant Abba découvre l'estime d'elle-même en s'échappant à Sydney avec une copine. Une comédie plus amère que douce, tendre et cruelle, astucieuse transposition de Cendrillon, portée par Toni Collette qui y débutait dans un rôle formidable. Les ruptures de ton risquées fonctionnent à merveille. BR Fr

Listen to me Marlon (Stevan Riley, 2015) ***
A partir de bandes sonores inédites enregistrées par Brando au soir de sa vie, un documentaire où l'acteur se raconte, de l'enfance à la vieillesse, sur des images de photos, d'extraits de film et d'actualités. Plus que de sa carrière, c'est de sa condition mortelle dont il parle, avec ses engagements et ses défaites, ses anges et ses démons. Le portrait fascinant, et vraiment touchant, d'un être humain qui se trouvait être Marlon Brando. BR Ital  

Hunger Games : La Révolte - 1ère partie / The Hunger Games : Mockingjay - Part 1 (Francis Lawrence, 2014) ***
Après deux épisodes survivalistes, ce troisième volet de l'excellente trilogie s'accorde une pause pour explorer les doutes de l'héroïne Katniss (Jennifer Lawrence, toujours parfaite) face au poids de ses responsabilités devant le régime totalitaire de Panem. La noirceur et la résonance à l'actualité contemporaine sont étonnantes (et passionnantes) dans un film pour ados de ce genre. Magnifique séquence de la chanson "The hanging tree". BR Allem 

Downton Abbey - Saison 6 (Julian Fellowes, 2015) ***
C'est presque la fin de ce feuilleton qui m'aura enchanté pendant 6 ans (l'ultime épisode arrive à Noël). Les histoires croisées de ces maîtres et serviteurs dans leur manoir anglais pourraient continuer ad libitum, j'en reprendrais. L'excellence de l'ensemble (écriture, casting, réalisation) et l'humanité des personnages sont irrésistibles. Comme l'accent so british de Lady Mary (Michelle Dockery). A most wonderful upper class soap. BR UK

Y'aura-t-il de la neige à Noël ? (Sandrine Veysset, 1996) ***
En Provence, les jours à la ferme d'une femme (Dominique Reymond) et de ses sept enfants sous l'emprise de son compagnon (Daniel Duval). Un très beau film de sensibilité toute féminine sur l'amour maternel inconditionnel. Le quotidien de cette petite tribu avec ses jeux, ses réunions et ses travaux des champs est filmé dans une fusion envoûtante de réalisme et de poésie, illuminé par la spontanéité des sept jeunes acteurs non professionnels. BR Fr  

Black Sea (Kevin Macdonald, 2014) *
Une douzaine de baroudeurs menés par Jude Law (qui cachetonne en s'essayant à un étrange accent) descend en sous-marin remonter l'or de Staline perdu dans un sous-marin nazi échoué au fond de la Mer Noire. Un film d'action aux situations attendues et aux invraisemblances criantes mais dont le décor et la photo soignés et quelques scènes tendues permettent juste de flotter le temps du visionnage. Avant de sombrer dans l'anonymat. BR Fr 

25 novembre 2015

Sayonara

Setsuko Hara (1920-2015)





10 novembre 2015

Heroes of mine : Jacqueline


Jacqueline Susann (1918-1974)

Après avoir enfin compris qu'elle ne réussirait pas à percer comme actrice à Broadway ni à Hollywood (mais ayant connu un certain succès dans la pub TV), Jacqueline Susann se dit qu'elle pouvait broder sur ce qu'elle y avait vu et tapa dans le mille et la fortune à 45 ans avec ses quatre romans mélotrashs qui atteignirent la stratosphère des ventes internationales dans les années 60 et 70 : "Every Night, Josephine!" (1963), "Valley of the Dolls" (1966), "The Love Machine" (1969), "Once is not enough" (1973) et deux romans posthumes un peu plus tard, trop tard : "Dolores" (1976) et "Yargo" (1979).


Jackie & Andy

Parce qu'elle mourut tôt, Jacqueline Susann, terrassée en 1974 par le cancer qu'elle avait combattu douze ans. Sa vie fut d'ailleurs, entre la gloire et la tragédie, les dollars et l'alcool, l'extase et la peur, le meilleur de ses propres romans. Elle épousa un petit agent artistique, Irving Mansfield, qui la poussa à la machine à écrire et son succès à elle fut leur triomphe à eux deux. Leur fils unique était autiste. Le journaliste Jack Martin, qui a bien connu le couple Susann-Mansfield à Los Angeles, a pu dire : "Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui ait adoré la célébrité plus qu'eux : ils s'y roulaient comme des cochons dans la merde".


The Susann-Mansfields at home

Je devais avoir une dizaine d'années, j'avais trouvé "The Love Machine" dans la bibliothèque de mes parents et je l'avais lu en cachette, assez honteux des scènes que je sentais bien ne pas m'être destinées. Ca changeait de Jules Verne. Je n'ai jamais oublié le livre, son titre et sa couverture, mais j'avais détourné le regard de Jacqueline Susann jusqu'à ce que je voie récemment l'adaptation filmée de "Once is not enough" (Guy Green, 1975). J'aime sans réserve les mélotrashs hollywodiens et celui-là, comme tous les autres, ne m'a pas déçu.


Avant la gloire : Hollywood Starlet 

Jacqueline Susann est donc réapparue. Je viens de finir son excellente biographie par Barbara Seaman "Lovely Me : The Life of Jacqueline Susann" (1987) et j'ai maintenant presqu'envie de me mettre à ses cinq romans que je ne connais que de titres et de réputation. Ambition, sexe, visons et comprimés. Et le sixième, "The Love Machine", de le relire peut être. Une fois ne suffit pas.


Jacqueline Susann s'habillait en couleurs violentes et son eye liner a défini les Sixties. Son portrait en statue-cube ci-dessous est le plus connu. Elle ressemblait à l'autre Jacqueline. Ses héroïnes utilisées, abusées, fracturées par les hommes annonçaient l'irruption du Féminisme dans la société américaine. Elle faisait de la politique sans le savoir. En Pucci. Quelqu'un de bon goût, décidément.


Sixties Icon. Immortal.

5 novembre 2015

Films vus par moi(s) : novembre 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Dédé (René Guissart, 1935) ***
L'adaptation de l'opérette de Willemetz et Christiné est un bonheur de tous les instants, drôle, irrévérente, sexy, dynamique. Autour d'un magasin de chaussures, chacun prétend être un autre pour obtenir ce qu'il convoite. Le casting étincelle (Claude Dauphin, Albert Préjean, Danielle Darrieux, Ginette Leclerc dans un petit rôle), la mise en scène aussi. Et ces chansons : "Dans la vie faut pas s'en faire", "Pour bien réussir dans la chaussure". DVD Z2 Fr

The stag (John Butler, 2013) **
Cinq copains dublinois, plutôt intellos et sensibles, partent randonner pour enterrer la vie de garçon de l'un d'eux et sont rejoints par le futur beau-frère, un macho lourd et dirigiste. Cette très chouette comédie irlandaise exploite et détourne astucieusement les clichés de la masculinité et de la comédie romantique. On rit beaucoup (le début est excellent) mais l'émotion pointe aussi. Un coming of age doublé d'un feel good movie original et attachant. BR UK 

Le coeur a ses raisons / Lemale et ha'halal / Fill the void (Rama Burshtein, 2012) **
Dans la communauté hassidique de Tel Aviv, une jeune fille de 18 ans est poussée à épouser son beau-frère, veuf de sa soeur. Ce film israélien qui observe sans jugement (à chaque spectateur son point de vue) les traditions familiales et sociales d'un petit groupe d'orthodoxes juifs baigne dans une photographie ouatée où les gros plans de visage disent les tumultes intimes. Un huis clos dépouillé, intense et éducatif sur une société méconnue. BR UK

Toi c'est moi (René Guissart, 1936) 0
Un navet. Adapté d'une opérette sur un échange d'identités aux Antilles (de studio), le film s'épuise d'une négligence totale de mise en scène (seul le crocodile en plastique, digne de Dada, m'a amusé), de rares chansons oubliables réduites à deux couplets ("Sous les palétuviers" surnage avec Pauline Carton) et de dialogues anodins. Pills, Tabet et Claude May on fait tellement mieux la même année avec le formidable "Prends la route". DVD Z2 Fr 

Magic Mike XXL (Gregory Jacobs, 2015) **
La suite du "Magic Mike" de Soderbergh (2012) reprend sa bande de male strippers sur le retour (Channing Tatum & Co) dans un road movie entre Tampa et une convention de stripteasers à Myrtle Beach. La séquence finale (le show lui-même), trop longue et insipide, plombe le film, par ailleurs touchant dans son point de vue sur la fragilité de ces potes baraqués et le désir amusé des femmes. Sympathique et innocemment sexy. BR Fr

Bombshell / Mademoiselle Volcan (Victor Fleming, 1933) ***
Dans cette comédie crépitante, Jean Harlow se joue avec une malice irrésistible du rôle de Lola Burns, une star de Hollywood modelée sur l'actrice elle-même. Si les dialogues frisent l'overdose, la satire de l'industrie du cinéma, les clins d'oeil aux films contemporains et la construction du scénario font mouche. Et bien sûr, on ne peut détacher ses yeux de Harlow (22 ans à l'époque), formidable d'entrain, d'ironie et de glamour platine. DVD Z2 Fr 

L'esclave blanche (Marc Sorkin, 1939) **
Une pimpante parisienne suit à Istanbul son mari, un diplomate turc, et se rebiffe quand elle se retrouve piégée au harem. Un mélo jubilatoirement incorrect, truffé de clichés islamophobes (on y parle de "race musulmane") où les fourbes ottomans sont Saturnin Fabre, Dalio (génial en sultan "Grandeur des Grandeurs"), Sylvie... Viviane Romance est superbe en occidentale révoltée et forme un couple sexy en diable avec John Lodge. TV

Gueule d'ange (Marcel Blistène, 1955) **
Un gigolo (Maurice Ronet) qui vit des femmes riches tombe sous la coupe d'une aventurière cupide et amorale. Du cinéma de papa Fifties pur jus, épicé par la faune qui le peuple (notamment les "clientes" : Dora Doll, France Roche, Rosy Varte...), une dose réjouissante de camp et la présence de Viviane Romance en garce de haut-vol dotée de répliques assassines. Louis Malle a du voir Ronet dans ce rôle avant de lui confier "Le feu follet". DVD Z2 Fr

Roar (Noel Marshall, 1981) **
Monté sur dix ans et naufrage à sa sortie, un projet cinématographique à la fois insensé et irresponsable. Le réalisateur-comédien, ses deux fils, sa femme Tippi Hedren et la fille de celle-ci, Melanie Griffith, y sont aux prises avec des fauves (lions, tigres, panthères...) dans un ranch sur pilotis. La mise en péril réelle des acteurs et de l'équipe face aux bêtes induit une tension éprouvante. Peut être le plus WTF de tous les films que j'ai vus. BR US  

Les invités de huit heures / Dinner at Eight (George Cukor, 1932) ***
Un Ensemble Piece à la construction théâtrale comme les 30's en raffolaient, cette comédie de moeurs autour d'un dîner annoncé offre à certains des grands acteurs de leur temps (Marie Dressler, John et Lionel Barrymore, Wallace Beery...) des scènes taillées sur mesure. Billie Burke et Jean Harlow (inoubliable en fourreau de satin blanc par Adrian) sont les ressorts comiques d'un scénario au fond par ailleurs étonnamment sombre. DVD Z1 US 

Que viva Eisenstein ! / Eisenstein in Guanajuato (Peter Greenaway, 2015) *
En 1931, Eisenstein qui est au Mexique pour tourner "Que viva Mexico!" y découvre le sexe et la joie de vivre avec son séduisant guide local, Palomino. Cet épisode sans doute majeur de la vie intime du cinéaste russe est vu avec la liberté factuelle et l'artifice baroque de Greenaway dans un exercice qui frise trop souvent l'hystérie (comme dans le jeu d'Elmer Bäck). Une scène de sodomie bavarde mérite de rester dans les annales. DVD Z2 Fr

The pleasure girls (Gerry O'Hara, 1965) *
Le weekend de cinq filles colocataires à Londres en 1965, centré sur leur aventures masculines. La capture du Swinging London, les touches discrètes d'érotisme, deux ou trois audaces dans le portrait des moeurs en libération et la présence du jeune Klaus Kinski sont les intérêts principaux de ce film autrement assez terne et ennuyeux. Sur un sujet très proche, "Les bonnes femmes" (Chabrol, 1960) était autrement réalisé et percutant. BR UK

Safety not guaranteed (Colin Trevorrow, 2012) ***
Un journaliste de Seattle et ses deux stagiaires enquêtent sur un type qui a passé une petite annonce pour trouver quelqu'un pour l'accompagner dans un voyage dans le Temps. Un formidable petit film indépendant dont le postulat de SF cache une comédie romantique originale, drôle et sincèrement touchante aux personnages vraiment bien écrits. Le casting est sans faille et la fin m'a tiré (c'est rare) des larmes inattendues. Un petit bijou. BR US

Le masque de la Mort Rouge / The mask of the Red Death (Roger Corman, 1964) *
Très librement inspiré d'Edgar Poe, un film à voir avant tout pour l'enthousiasmant Popism de ses couleurs tape à l'oeil (décors et costumes) et le jeu sans retenue de Vincent Price en Prince Prospero retranché de la peste avec sa cour dans son château extravagant. Hazel Court n'est pas mal non plus en dame satanique mais Jane Asher est d'une fadeur rare. La réponse US aux succès britanniques de la Hammer, le charme en moins. BR Allem 

Les Perses (Jean Prat, 1961) ***
Cette adaptation d'Eschyle (les Perses apprennent la défaite de leur armée à Salamine) produite par l'ORTF et diffusée le 31/10/61 à 20h30 est restée l'une des plus grandes pages de la télévision française. Quelques comédiens togés et masqués évoluent en rythme dans le décor d'un palais perse en récitant les vers de la tragédie grecque sur une musique grandiose de Jean Prodromidès. Créatif, spectaculaire et génialement intemporel. DVD Z2 Fr

Un Français (Diastème, 2015) **
Des années 80 à aujourd'hui, le parcours personnel d'un néo-fasciste en repentance. Le début fait craindre le pire, avec ses caricatures de l'Extrême-Droite (crânes rasés, bombers, haines et Marseillaises) puis petit à petit, les séquences de l'évolution du personnage principal (Alban Lenoir, une révélation) diffusent une émotion sincère et portent le film vers des horizons inattendus. Je m'attendais à un réquisitoire, j'ai vu un beau portrait d'homme. BR Fr

Mad Max: Fury Road (George Miller, 2015) **
Il y a de l'excellent et du nul dans ce quatrième volet des aventures de Max Rockatansky après l'Apocalypse. Le nul : le casting des cinq filles de la troupe et Tom Hardy, transparent jusqu'à l'invisibilité. L'excellent : les visions enfiévrées d'un Enfer barbare et Charlize Theron, qui porte le film. Autrement, l'énergie hors norme des séquences est tétanisant et le féminisme appuyé franchement rafraîchissant dans le genre du film d'action. BR Allem

La tendresse des loups / Der Zärtlichkeit der Wölfe (Ulli Lommel, 1973) ***
L'histoire de Fritz Haarmann, le Boucher de Hanovre, serial killer homosexuel qui assassinait des garçons dans les années 20. Produit par Fassbinder (qui y a un petit rôle) et utilisant une partie de sa bande, un film à l'esthétique et à la mise en scène magnifiquement stylisées. Avec Kurt Raab, étonnant en tueur au crane rasé. Une intéressante rareté du Nouveau Cinéma Allemand aux accents de Nosferatu et de M. et d'humour aussi. BR UK

The big picture (Christopher Guest, 1989) **
Kevin Bacon est un apprenti réalisateur qui fait l'amère expérience de l'industrie du cinéma dans cette comédie qui se moque d'Hollywood, de ses magouilles et de sa faune. On sent que le scénario est truffé de situations vécues, la balade dans Los Angeles est chouette et certaines scènes excellentes (Martin Short en agent efféminé est génial) mais au final, la charge manque de la causticité espérée. Un régal : le look total Eighties. BR US

Dimanche d'août / Domenica d'agosto (Luciano Emmer, 1950) ***
Le dimanche 7 août 1949, les Romains vont passer la journée à la plage d'Ostie. Du départ en vélo, en voiture ou en train au retour en soirée, le film suit quelques personnages de tous âges (notamment des ados) qui se croisent au bord de l'eau. Une chronique au charme fou par la fraîcheur de ses acteurs, les éléments de comédie et de sociologie parfaitement dosés et la lumière éclatante. Un petit chef-d'oeuvre populaire de l'après-guerre. BR Fr 

Le Cercle / Der Kreis (Stefan Haupt, 2014) **
Ce docufiction suisse fusionne reconstitution (la fin des années 50) avec acteurs, images d'archives et interviews récents autour de Der Kreis, l'un des premiers magazines homosexuels (édité à Zurich entre 1932 et 1967), du Kreis-Club et de son équipe éditoriale, dont Ernst et Röbi (devenu le premier couple gay marié en Suisse en 2003). Un chapitre méconnu de l'histoire LGBT et un beau récit d'amour, d'homophobie et de résilience. DVD Z2 Fr 

Stung (Benni Diez, 2015) *
Des guêpes géantes sèment la terreur dans une propriété décrépite. Un film allemand de grosses bêtes à petit budget, mi Eighties-mi SyFy, gore et pasticheur, dont les idées intrigantes ne compensent pas les faiblesses du scénario et de la réalisation. La campagne berlinoise qui fait office d'Amérique, le héros qui trébuche à chaque pas et les clins d'oeil à La Nuit des Morts Vivants, Them!, Aliens... sont sympas mais ça ne suffit pas. BR Fr  

4 octobre 2015

Jimmy

30 septembre 1955. Il y a soixante ans que James Dean s'est tué sur une route californienne. Soixante ans. C'est vraiment étonnant comme sa modernité résiste et reste contemporaine. Avec ou sans grimace.


La biographie d'Yves Salgues "James Dean ou le mal de vivre" (Pierre Horay, 1957), écrite à chaud après la disparition de l'acteur, reste l'un des meilleurs livres sur le sujet. En ouvrant des pistes d'analyses psychologiques, sociologiques et culturelles qui allaient faire des petits.


2 octobre 2015

Films vus par moi(s) : octobre 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Le Magnifique (Philippe de Broca, 1973) *
Un écrivain de série Z transpose sa vie quotidienne dans les aventures de son héros d'espionnage Bob Saint Clare. L'idée est originale et sympa et je me suis laissé prendre par le charme de la première moitié de cette comédie absurde, de Jean-Paul Belmondo et de Jacqueline Bisset dans des double rôles mais la répétition des situations et l'hyperactivité générale (récurrente chez de Broca) ont fini par me casser grave les pieds. C'est comme ça. BR Fr   

Le cousin Jules (Dominique Benicheti, 1972) **
Superbement filmés entre 1968 et 1972 en Scope et Stéréo, les jours qui s'écoulent en se ressemblant d'un vieux forgeron bourguignon et de sa femme. Il ne se passe rien de spécial (le seul drame est comme escamoté) à part taper sur l'enclume, chercher les fagots et manger la soupe au pain... Mais la poésie métaphysique qui se dégage de ce film documentaire est unique, comme le travail sur le son qui donne vie à la vie de la campagne. BR Fr 

San Andreas (Brad Peyton, 2015) *
Comme l'hypertrophié Dwayne Johnson, un film catastrophe où le too much digital imprègne chaque plan. Sur la faille de San Andreas, Los Angeles puis San Francisco sont dévastés par un tremblement de terre puis un tsunami qui séparent puis rapprochent les membres d'une famille middle class. Le scénario formaté est sur le modèle de "2012" (Emmerich, 2009), les images, la dynamique, la vulgarité et l'issue aussi... Tout juste regardable. BR Allem 

Les Misérables (Henri Fescourt, 1925) ***
Quatre parties, six heures de projection : cette adaptation muette de Hugo, pour fleuve qu'elle soit, est tellement bien construite et offre tant de belles séquences, qu'on ne voit - presque - pas le temps passer (seule la séquence de la Rue Plumet traîne un peu). La mise en scène, qui utilise beaucoup les décors naturels, est un modèle d'efficacité. Et Gabriel Gabrio, qui porte le film, est inoubliable en Jean Valjean. Restauration somptueuse par Pathé. Théâtre du Châtelet avec un solide accompagnement au piano de Jean-François Zygel.

Jurassic World (Colin Trevorrow, 2015) *
Ca se regarde un samedi soir et on ne s'ennuie pas mais au final, on a l'impression d'avoir déjà vu tout cela il y a vingt ans et l'aspect mécanique du scénario attendu transforme le film en produit de série. Bryce Dallas Howard, comme toujours, surclasse son rôle et les gamins sont plutôt corrects, les autres acteurs interchangeables. Et les dinosaures ? Oui bien sûr, mais il y a vingt ans déjà... Pas une réussite, pas un ratage. Juste sans mordant. BR Fr

Margin call (J.C. Chandor, 2011) ***
Dans un gratte-ciel de Manhattan, quelques traders et le CEO découvrent la faillite prochaine de leur banque d'investissement et décident de sauver leur peau. Un passionnant huis-clos nocturne, nerveux comme un thriller et froid comme un reptile, sur les rouages de la haute finance et la psychologie de ses acteurs. Inspiré par la chute de Lehman Brothers et les débuts de crise de 2008. La mise en scène est impeccable et le casting hors pair. BR Fr  

Une nouvelle amie (François Ozon, 2014) **
L'ambiguïté du genre est poussée à son paroxysme dans cette libre adaptation de Ruth Rendell où une jeune femme dont la meilleure amie vient de mourir s'en découvre une nouvelle dans le mari travesti de celle-ci. Romain Duris en veuf travesti, Anaïs Demoustier en inconsolable qui retrouve le sourire et Raphaël Personnaz en époux dépassé sont excellents et le scénario à twists dessine une ode à la différence qui tape dans le mille. BR Fr

Il sapore del grano / La goût du blé (Gianni da Campo, 1986) **
Dans la campagne vénitienne, un garçon de 12 ans s'amourache d'un jeune professeur stagiaire. Un petit film qui traite d'un sujet périlleux avec tact et pudeur (peut-être trop, la tolérance de la famille de l'élève est peu crédible) et sensualité en posant de justes questions sur le besoin d'attention et d'affection de chacun, âges et sexes confondus, sans pousser le bouchon trop loin. Marina Vlady apporte sa caution professionnnelle au casting. DVD Z2 Ital

Borgman (Alex van Warmerdam, 2013) ***
Le mystère maintenu jusqu'au bout de l'identité et des motivations de cet homme des bois (et de ses sbires) réfugié chez une famille bourgeoise néerlandaise donne au film une affectation un peu regrettable mais il n'empêche que plusieurs scènes sont marquantes, l'inquiétude et la tension permanentes, l'humoir noir distillé et l'allégorie (sur le quotidien du Diable ? le Grand Remplacement ?) vraiment originale. A chacun son interprétation. BR Allem

Hell's angels / Les anges de l'Enfer (Howard Hugues, 1930) **
Pendant la Première Guerre Mondiale, les aventures militaires et sentimentales de deux frères, pilotes dans l'aviation anglaise. Les spectaculaires séquences d'action sont très bonnes (le Zeppelin, le dépôt de munition) mais de longs passages de dialogues cassent le rythme de ce film qui n'atteint pas le chef-d'oeuvre "Wings" (Wellman,1927). Avec une séquence de bal en Technicolor bichrome et Jean Harlow qui débute. DVD Z1 US

Retreat, Hell! (Joseph H. Lewis, 1952) *
Tourné en plein milieu de la guerre de Corée (1950-1953) avec des inserts d'images d'actualités, un film de propagande de série à petit budget sur un bataillon de Marines qui subit les attaques conjointes de soldats chinois et du froid dans des collines enneigées coréennes. Frank Lovejoy, Richard Carlson et le jeune Rusty "Russ" Tamblin incarnent trois militaires d'âges différents unis dans l'adversité. Le mise en scène va à l'essentiel, sans plus. BR US 

Small soldiers (Joe Dante, 1998) *
Des jouets en plastique animés, Marines et monstres, s'affrontent dans la maison d'une famille américaine. Sur un scénario très proche de celui de son "Gremlins" (1984), l'anarchisme en moins (les enfants sont clairement le public visé), Dante tente d'en répéter le succès mais le décalque trop criant et l'action trop uniforme en émoussent l'intérêt. Les petits Animatronics, eux, sont très réussis et reposent des effets digitaux formatés d'aujourd'hui. BR Allem    

An inspector calls / Un inspecteur vous demande (Guy Hamilton, 1954) ***
Cette adaptation filmée de la pièce de J.B. Priestley réussit à être du cinéma tout en restant théâtrale, par une mise en scène discrète et des dialogues ciselés portés par un excellent casting (Alastair Sim est fascinant en mystérieux inspecteur). L'histoire d'une jeune femme du peuple démolie par une famille bourgeoise dans le Londres de 1912 est un brûlot marxiste d'une rare violence sociale. Avec une scène finale qui flirte avec le fantastique. BR Fr

Le bossu (Philippe de Broca, 1997) **
Un très bon cape et d'epée à l'ancienne (anachronique en 1997), la version de Broca du roman de Paul Féval raconte la vengeance d'honneur et d'amitié de Lagardère pour Nevers sous la Régence avec de beaux décors et paysages, une mise en scène dynamique qui ménage habilement action et sentiment et une musique enivrante. Mais Daniel Auteuil, Fabrice Luchini et Marie Gillain n'ont pas le charisme qui porterait le film aux sommets. BR Fr

Neighbours / Nos pires voisins (Nicholas Stoller, 2014) 0
Il y a évidemment des clients pour ce genre de film (comédie graveleuse à tendance sociétale pour trentenaires) où surnagent quelques pépites comme "I love you, man" (2009). Ici, un couple entre en guerre contre une fraternité bruyante qui a aménagé le pavillon d'à côté. Mais à part quelques blagues potaches amusantes, c'est l'ennui qui s'étale du jeu outré des acteurs potes, des répliques hurlées et de l'imbécilité crasse et réac de l'ensemble. BR Fr

Jupiter ascending / Jupiter : Le destin de l'Univers (The Wachowskis, 2015) 0
Un navet XXL stupide, moche et boursouflé autour d'une princesse intergalactique (Mila Kunis, transparente) laveuse de chiottes aux prises avec un méchant d'opérette (Eddie Redmayne, ridicule) et protégée par un athlète aux oreilles de satyre (Channing Tatum, le seul atout du film). La débauche de cités célestes, d'explosions et de combats aériens assomme tandis que le fourvoiement des Wachowskis consterne. Fast forwardé. BR Allem

L'affaire des poisons (Henri Decoin, 1955) **
A la fin des années 1670, Mme de Montespan demande à la Voisin aidée du père Guibourg de la débarrasser de Mlle de Fontanges, jeune maîtresse de Louis XIV. Un bon film historique où Danielle Darrieux en favorite donne la réplique à Viviane Romance (formidable) en empoisonneuse sous l'oeil de Paul Meurisse en prêtre débauché. Cette galerie de personnages amoraux est un régal, comme le Technicolor et les décors proto-Hammeriens. BR Fr

Cinderella / Cendrillon (Kenneth Branagh, 2015) 0
Une mise en images narrative qui reprend presque scène par scène les séquences du dessin animé de 1950 avec une désespérante platitude. Ce qui était sympathique en animation devient d'une rare fadeur, alourdi par un casting peu inspiré (même Cate Blanchett en marâtre est plus que médiocre) et une mise en scène sans un geste d'inventivité. Mais le film enchantera les petites filles de 7 ans et demi et certains petits garçons. BR Allem

17 septembre 2015

La la la life is a strange thing


La la la life is a strange thing.
Just when you think you learned how to use it it's gone.

Shakespears Sister
Song: "Hello" 
Album: "Hormonally yours", 1992

13 septembre 2015

Song of Fire


Le formidable morceau-fleuve (7 minutes) "Tonight is what it means to be young" écrit par Jim Steinman pour le très sympathique film "Streets of fire" de Walter Hill en 1984.

Diane Lane y chante en playback la rockeuse en péril sur la voix d'Holly Sherwood dans une progression dramatique échevelée avec choeurs et pont musical d'enfer.

Comme un croisement de Bonnie Tyler, Laura Branigan et Meat Loaf. Oh, those Eighties!

5 septembre 2015

Films vus par moi(s) : septembre 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Verbotene Filme / Films interdits (Felix Moeller, 2014) *
Peut-on, doit-on (teuton) montrer aujourd'hui les films nazis de propagande ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ? Ce documentaire donne la parole à des historiens du cinéma allemands et à des spectateurs à qui sont projetés "Le juif Süss", "Ohm Krüger", "Les Rothschild", "Stukas", "Ich klage an"... Il en sort des vérités génériques du style "Non alors !" ou "Oui mais !" qui ne font pas vraiment avancer le débat. Restent les extraits, tous intéressants. DVD Z2 Allem

The Dead Lands / La terre des guerriers (Toa Fraser, 2014) 0
Dans un passé précolonial, un jeune Maori se venge des brutes d'une tribu qui a massacré la sienne. Hormis l'avantageux physique de ses (mauvais) acteurs, un film sans intérêt, sorte d'Apocalypto (Mel Gibson, 2006) du pauvre, qui échoue à exploiter la beauté des paysages néo-zélandais et se contente de poursuites ponctuées de confrontations sanglantes à base de hakas, grimaces, roulements d'yeux et tirages de langues. Débile. BR Fr

All is lost (J.C. Chandor, 2013) ***
Dans l'Océan Indien, un naufragé solitaire tente de survivre. Un film qui prend le risque de la pose (un acteur, pas de dialogue, un décor minimaliste) et l'évite. Est-ce un film d'aventures, une métaphore existentielle autour du crépuscule de la vieillesse ou une allégorie sur la métaphysique du divin ? A chacun son avis (j'ai le mien) et c'est ce qui rend le film si intéressant. Robert Redford (77 ans) se donne à fond dans un rôle taillé sur mesure. BR Fr

Geschlecht in Fesseln / Sex in chains / Chaines (Wilhelm "William" Dieterle, 1928) **
Un couple dont le mari (joué, très bien, par le réalisateur) a été condamné à trois ans d'enfermement pour meurtre se disloque par les conséquences sexuelles de la séparation forcée : la liaison homo dans laquelle l'époux s'engage en prison (le film hésite entre bienveillance et homophobie) et la tentation adultère de la femme. Un film muet social et militant au sujet courageux et subtilement amené. La scène finale, inattendue, est terrible. DVD Z1 US    

Pink Floyd at Pompeii (Adrian Maben, 1972 / 2003) 0
0 parce que je n'ai pas la culture ni la patience pour ce genre de musique (les morceaux chantés me plaisent mieux que les passages instrumentaux) et parce que j'ai vu - en accéléré - le Director's Cut de 2003 avec ses images de synthèse à la noix du système solaire et de Pompéi. Il y a quelques beaux plans des vestiges du site archéologique et David Gilmour était sexy. Mais pas le courage de regarder la version de 1972, qui doit être mieux. DVD Z2 UK

Aimer, boire et chanter (Alain Resnais, 2014) *
L'ultime film de Resnais, adaptation de la pièce "Life of Riley" d'Alan Ayckbourne, est un marivaudage tragi-comique autour de trois couples d'amis théâtreux réagissant à la mort prochaine d'un ami commun malade. L'histoire peut intéresser ou pas (moi, c'est pas) mais les choix formels (travellings d'entrée, dessins de situation, théâtralisation des scènes...) m'ont vite exaspéré. Les acteurs sont très bons et le final émouvant, forcément. BR Fr  

That cold day in the park (Robert Altman, 1969) **
A Vancouver, une jeune femme solitaire recueille chez elle un homme plus jeune qu'elle observait dans un parc. Un film méconnu des débuts d'Altman où l'étude passionnante d'une solitude sociale et affective se double dans sa seconde partie d'un thriller de manipulation plus convenu. Sandy Dennis excelle comme toujours dans le jeu de la névrose (la mobilité de son visage est fascinante) et Michael Burns a de la présence dans un rôle énigmatique. BR US

Once is not enough / Une fois ne suffit pas (Guy Green, 1975) **
Un des derniers mélotrashs, l'adaptation du best seller de Jacqueline Susann sur les errements d'une jeune femme (Deborah Raffin, craquante) qui fait une fixation sur son père (Kirk Douglas) a tous les ingrédients du genre : Rolls, visons, étreintes devant la cheminée et sous la douche, séducteurs et lesbiennes... Alexis Smith et Brenda Vaccaro (et Melina Mercouri) crèvent l'écran. A savourer comme un roman photo de luxe. BR US

Horns (Alexandre Aja, 2013) *
D'une idée intrigante (des cornes poussent  - au sens propre - à un jeune homme auquel les habitants de sa petite ville confient leurs frustrations secrètes), le réalisateur accouche d'un film sans queue ni tête qui se croit plus bien original qu'il n'est. Une vulgaire histoire de meurtre le tire vers le bas et les acteurs sont uniformément mauvais, Daniel Radcliffe compris. Pourquoi une * ? Pour l'idée de départ et quelques images peu communes. BR Fr

Renoir (Gilles Bourdos, 2012) *
Michel Bouquet est un vieil Auguste Renoir perclus d'arthrite dans ce film sur le quotidien du peintre dans sa propriété de Cagnes-sur-Mer pendant la Première Guerre Mondiale, entouré de deux de ses trois fils (Claude et Jean), de ses servantes et d'Andrée, son jeune et rayonnant dernier modèle. Tout cela est beau et digne, sans doute trop, car derrière la mélancolie et la retenue point l'ennui d'un scénario qui tourne en rond et s'endort. BR Fr

Stachka / La grève (Sergei Eisenstein, 1925) ***
Le premier film d'Eisenstein, pierre angulaire du film de propagande soviétique (en 1903, les ouvriers d'une usine font grève et subissent en retour le châtiment du patronat et de la police coalisés), sans parler de son engagement politique, est une oeuvre d'une créativité qui reste fascinante, que ce soit par sa progression dramatique, sa composition picturale des plans et bien entendu, son usage dynamique du montage. BR US  

The hills have eyes / La colline a des yeux (Alexandre Aja, 2006) **
Le remake du survival de Wes Craven (1977) se laisse regarder grace à son rythme soutenu, ses bonnes idées de décors (les maisons des essais atomiques des 50's) et sa galerie de mutants déglingués. Le calvaire de cette famille en camping-car aux prises avec une famille de dégénérés dans le désert US ne lésine pas sur le gore et si la morale est douteuse quand on y pense, c'est dans le genre horrifique un bon divertissement décérébré. BR Fr 

The epic of Everest (John Noel, 1924) ***
Suivant (à distance imposée) l'expédition malheureuse de Mallory et Irvine à la conquête de l'Everest en 1924, ce documentaire muet britannique commence en film ethnologique assez condescendant sur les villageois du Tibet ("Les bébés tibétains sont de charmantes petites choses") pour continuer sur des images historiques (prises au téléobjectif) des alpinistes approchant du sommet. La beauté des plans et de la photo est remarquable. BR UK (avec un excellent nouveau score de Simon Fisher Turner)  

The purchase price (William Wellman, 1932) *
Une chanteuse de cabaret quitte la grande ville et ses hommes pour s'installer dans le Dakota avec un fermier rencontré par correspondance. Un petit film pré Code qui vaut surtout par la présence de Barbara Stanwyck et George Brent, très bons et pour le thème en filigrane : la fragilité de la situation sociale des femmes pendant la Dépression. Autrement, une oeuvre mineure de Wellmann, réalisée avec son efficace économie habituelle. DVD Z1 US

Wolf Creek 2 (Greg McLean, 2013) *
Huit ans après, la suite du très bon "Wolf Creek" (McLean, 2005) reprend le personnage du psychopathe raciste Mick Taylor (le papy John Jarratt en délit de cabotinage) qui chasse, torture et tue les routards isolés dans l'outback australien. Cette fois, l'humour se mêle à l'horreur gore en un produit bien filmé mais au déroulement formaté. La meilleure séquence, incongrue : un poids lourd qui fonce dans un troupeau de kangourous bondissants. BR Allem

Streets of fire / Les rues de feu (Walter Hill, 1984) ***
Dans une ville glauque et stylisée 3/4 Fifties-1/4 Eighties, une jeune chanteuse (Diane Lane) se fait enlever par un gang de motards et sauver par son ex (Michael Paré) et quelques acolytes dépareillés. Un film d'action aux codes westerniens et musicaux irrésistiblement sympathique, peuplé de personnages hauts en couleur (William Dafoe en Joker), de disco-rock et de néons dans la nuit. Cool, pop, BD et fun : que demander de plus ? BR UK 

The rover (David Michôd, 2014) 0
Guy Pearce (hanté et taciturne du début à la fin) et Robert Pattinson (accent redneck et tics de composition étudiés) se partagent chaque scène inutilement étirée de ce film autour de deux types sur la piste d'une voiture volée et d'un frère dans le bush australien post-apocalyptique. Du scénario minimaliste au jeu des acteurs en passant par la mise en scène auteurisante et le vide du sujet, tout est d'une prétention extrême. Une vraie purge. BR Fr

3-D rarities (divers) **
Une compilation de 21 courts métrages (de démonstration, d'animation, documentaires...) datant de 1922 à 1953 qui forme un panorama de l'histoire des étapes de la 3D classique au cinéma. Il y a de l'excellent (ceux des années 20-30, les abstractions de Norman McLaren, "Doom Town" sur un test atomique dans le Nevada...), du moyen et du pas terrible. Mais la portée documentaire est passionnante. Superbes restaurations du 3-D Film Archive. BR 3D US

23 août 2015

Ulay, Oh


Marina Abramovic performance. MoMA 2010.

15 août 2015

Divine


Masterclass

7 août 2015

Films vus par moi(s) : Août 2015


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Deadlier than the male / Plus féroces que les mâles (Ralph Thomas, 1967) 0
Le design Sixties, les couleurs acidulées, une séquence avec un jeu d'échecs géant et Elke Sommer qui crève l'écran en bikini ou négligé font qu'on peut regarder cet ersatz foireux de James Bond d'un oeil distrait. Mais l'inanité du scénario (un lord anglais veut mettre la main sur du pétrole), des dialogues, de la mise en scène et le manque total de charisme de Richard Johnson en Sean Connery du pauvre laminent tout. Très médiocre. BR UK 

Magic in the moonlight (Woody Allen 2014) *
En 1928 sur la Riviera, un magicien professionnel (Colin Firth) veut prouver la fraude d'une jeune médium (Emma Stone). Une comédie romantique dans de beaux costumes et décors joliment photographiés mais dont les thèmes intéressants (Rationnel/Irrationnel-Dépression/Insouciance) sont laissés au bord du chemin pour une résolution de routine. On a l'impression qu'Allen s'est fait plaisir en allant tourner sur la Côte d'Azur. Il a pas tort mais bon... BR Allem

Le jour se lève (Marcel Carné, 1939) ***
Retranché dans une mansarde après un meurtre, un ouvrier résiste à la police et revoit ce qui l'a conduit à cette extrémité. Jean Gabin, Arletty et Jules Berry atteignent des sommets (le maillon faible est Jacqueline Laurent, mièvre) dans ce film déséspéré en clair-obscur aux accents de Tragédie dans un quartier populaire créé en studio. Avec de brillants dialogues de Prévert, une magistrale utilisation de l'espace et une fin sublime. BR Allem 

Marina Abramovic : The artist is present (Matthew Akers & Jeff Dupre, 2012) ***
Un doc sur la préparation et le déroulement de la rétrospective au MoMA en 2010 de l'artiste serbe Marina Abramovic (née en 1946) et de son incroyable performance où durant trois mois, chaque jour pendant sept heures, les visiteurs pouvaient venir s'asseoir un à un dans un face à face silencieux avec elle. La capture d'un geste artistique extraordinaire et le portrait d'une artiste radicale qui a fait de son corps un miroir universel de l'Humain. BR Allem 

Winstanley (Kevin Brownlow & Andrew Mollo, 1975) **
En 1649 dans le Surrey, une petite communauté communiste-hippie menée par Gerrard Winstanley (Miles Halliwell, pas convaincant) s'installe sur des terres privées et s'attire la colère des notables. Un film d'il y a quatre décennies qui n'a pas pris une ride : son style réaliste en N&B à la réalisation splendidement maîtrisée lui donne l'air d'Une Caméra explore le Temps. L'histoire (vraie) de cette utopie prémonitoire est aussi un passionnant sujet. BR UK 

Menschen am Sonntag / Les Hommes le dimanche (Robert Siodmak & Edgar G. Ulmer, 1929) **
Deux hommes et deux jeunes femmes de rencontre vont passer un dimanche d'été au bord d'un lac des environs de Berlin. Cet hybride de fiction et de documentaire, tourné en extérieurs avec une poignée d'acteurs non professionnels, raconte une tranche de week end où presque rien ne se passe, mais où la vie va. Scénarisé par Billy Wilder d'avant Hollywood, un film solaire et sensuel de la fin du muet dont l'influence fut considérable. DVD Z2 UK   

Song without end / Le bal des adieux (Charles Vidor & George Cukor, 1960) 0
Je ne connais pas la vie privée de Franz Liszt (Dirk Bogarde) pour juger de la véracité de ce film sur son histoire d'amour adultère et malheureuse avec la princesse Carolyne Wittgenstein (Capucine, absente mais portant superbement la toilette) mais je m'y suis endormi, malgré la splendeur de la reconstitution en Technicolor, aux interminables extraits de récitals de piano et à l'académisme ampoulé de la mise en scène. Fast forwardé. DVD Z2 UK 

Il vangelo secondo Matteo / L'Evangile selon St Matthieu (Pier Paolo Pasolini, 1964) ***
La douceur des regards et des gestes des proches de Jésus (Enrique Irazoqui, intense) contraste avec sa froideur explosive à lui, notamment lors de ses imprécations, paraboles et béatitudes. Austère et accessible, le film offre d'inoubliables images des paysages du sud de l'Italie et des visages d'acteurs non professionnels et une étonnante utilisation de musiques hétérogènes. En soulignant la dimension anarchiste du message de Jésus. BR UK 

The Knick, saison 1 (Steven Soderbergh, 2014) ***
Malgré la rupture un peu gênante entre le rythme lent des 6 premiers épisodes (mes préférés) et les péripéties des 4 derniers, l'originalité du sujet et de son écriture (le quotidien d'une équipe chirurgicale dans un hôpital new yorkais en 1900), de la mise en scène, de la reconstitution et de la photo font de ce feuilleton HBO une création d'une belle audace. Très bon casting mené par Clive Owen. Et on apprend plein de choses sur la médecine d'hier. BR US

Sorcerer / Le convoi de la peur (William Friedkin, 1977) **
Ce remake du "Salaire de la peur" (Clouzot, 1953) n'égale pas son modèle. La première partie qui présente les protagonistes est la plus excitante. Après une heure, à partir du départ des camions dans la jungle, l'action prend toute la place, au détriment des personnages désépaissis. La mise en scène et le décor accrochent l'attention avec quelques morceaux de bravoure (même si la roublardise de la séquence du pont est criante) et une fin excellente. BR US 

Still Alice (Richard Glatzer & Wash Westmoreland, 2014) **
Une prof de linguistique de Columbia est diagnostiquée en stade précoce d'Alzheimer. Un drame intimiste personnel et familial autour de la plongée dans la maladie, des premiers symptômes à la dépendance. Julianne Moore est évidemment parfaite dans un rôle calibré pour l'Oscar (qu'elle a d'ailleurs remporté). Le genre de film dont le sujet annonce la couleur : on ne doit s'attendre à rien d'autre que ce qu'on s'imagine à l'avance. BR Allem 

Short term 12 / States of Grace (Destin Daniel Cretton, 2013) **
Quelques semaines dans le quotidien d'une maison d'accueil pour ados sous l'aile de leurs référents, à peine plus agés qu'eux. Un petit film indépendant au style proche du documentaire qui décrit avec justesse et sensibilité les douleurs et les joies de jeunes malmenés par la vie et les adultes. Le casting, porté par Brie Larson, donne corps à une galerie de personnages très attachants. Sous un regard qu'on sent profondément sincère. BR Allem

55 days at Peking / Les 55 jours de Pékin (Nicholas Ray & Andrew Marton, 1963) *
A Pékin en 1900, la révolte des Boxers vue du côté des Occidentaux retranchés dans leur quartier réservé près de la Cité Interdite. Une des extravagantes superproductions de Samuel Bronston, aux décors et costumes superlatifs, mais dont le scénario s'enlise dans l'action et le sentiment plutôt que pousser la réflexion sur le colonialisme, le sujet intéressant du film. Charlton Heston, David Niven et Ava Gardner assurent. BR Allem 

Les amours imaginaires (Xavier Dolan, 2010) **
A Montréal, deux amis inséparables (Xavier Dolan et Monia Chokri, tous deux très bons) s'entichent d'un éphèbe narcissique au risque de compromettre leur amitié. Cette tranche de vie sur les coups de coeur de la post-adolescence, qui peut résonner chez beaucoup, a une trame et un déroulé un peu trop uniformes mais le regard et la réalisation personnels de Dolan tiennent l'ensemble avec brio. Avec une excellente pirouette finale. DVD Z2 Fr

Tarantula (Jack Arnold, 1955) **
Un classique du film de grosses bêtes des Fifties qui, comme "Them!" (Gordon Douglas, 1954), tient la route grâce à la sécheresse du scénario qui ne s'encombre pas de blablas, de l'efficacité de la mise en scène et des trucages désuets au charme fou. Ici, une tarentule géante menace un bourg d'Arizona et Mara Corday, thésarde biologiste en tailleur, bibi et gants blancs. Le pamphlet scientifique passe en discrétion et signe son époque. BR Allem

The human centipede III (Final sequence) (Tom Six, 2015) 0
Rien à sauver (sauf un très bon gag visant la critique) dans ce final en forme de pastiche d'une trilogie - dont j'aime beaucoup le I et le II - qui osait un pitch inouï de culot (des cinglés créent des mille-pattes humains en cousant des victimes par la bouche et l'anus). Ici, l'outrance en roue libre du jeu de Dieter Laser ajoutée au je m'en foutage du scénario qui se passe dans une prison texane font que c'est inregardable même en fast forward. A chier. BR UK

Morte a Venezia / Mort à Venise (Luchino Visconti, 1971) *
La reconstitution d'époque et la photo sont, comme d'habitude avec Visconti, magnifiques et l'homme vieillissant tourmenté (Dirk Bogarde) par la beauté insolente de la jeunesse un sujet indubitable mais la langueur complaisante de la narration, la longueur de certaines scènes et les agaçants zooms Seventies accolés à la musique de Mahler finissent par trahir une affectation qui porte un coup fatal à l'ensemble. J'en avais un bien meilleur souvenir. DVD Z1 US

Mr. Arkadin / Confidential report / Dossier secret (Orson Welles, 1954) ***
L' enquête en chat et souris d'un aventurier sur le mystérieux Mr Arkadin. Un étrange film à la production mouvementée, part série B pulp et part auto parodie (de "Citizen Kane"). Welles grimé impose sa présence fascinante à Arkadin et les seconds rôles sont formidables, comme les séquences internationales qui s'enchaînent sans répit. Le génie de Welles tient à cette transmutation d'un matériau mineur en une oeuvre totalement personnelle. BR Fr

Lilting / Lilting ou la délicatesse (Hong Khaou, 2014) *
Après la mort accidentelle de son compagnon, un anglais (Ben Whishaw, excellent) se rapproche de sa mère, une femme chinoise, et demande à une amie bilingue d'être leur interprète. Un petit film intimiste britannique sur le deuil, l'identité et la communication qui a quelques scènes émouvantes mais pâtit d'un rythme monocorde et de l'effet répétitif des dialogues traduits. Le scénario est manifestement inspiré de la vie personnelle du réalisateur. BR UK