9 avril 2014

Louise et l'âge

Pour le plaisir inaltérable de revoir Louise de Vilmorin. Et de l'écouter. Ici, sur l'âge. Jamais Vieille France ne fut aussi jeune.
 

3 avril 2014

Films vus par moi(s) : avril 2014


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

World War Z (Marc Foster, 2013) **
Z pour Zombies. Un épidémie foudroyante fait des humains des zombies véloces et voraces. Brad Pitt va s'en occuper. Il y a de l'idée et des scènes spectaculaires (quoique souvent brouillones visuellement) et c'est plutôt une bonne surprise quand on n'attendait rien. Bien sûr, le cliché de la famille est rédhibitoire mais l'intrigante séquence de Jérusalem fonctionne bien (on se demande quelle métaphore elle file). Pas inoubliable mais pas mal. BR Fr  

Le beau mariage (Eric Rohmer, 1982) 0
Autant j'adore la plupart des films de Rohmer pour leur fraîcheur naturelle, leur bavardage précieux et leur profondeur discrète, autant celui-ci m'a cassé les pieds du début à la fin, d'abord à cause du nombrilisme de son éxaspérante héroïne Sabine (Béatrice Romand) et ensuite de la faiblesse du semblant de propos général. Seules Arielle Dombasle et les rues du Mans m'ont fait tenir jusqu'au bout. Un mauvais Rohmer mais il en faut bien un. Br Fr

Nicht der Homosexuelle ist pervers, sondern die Situation, in der er lebt / Ce n'est pas l'homosexuel qui est pervers mais la situation dans laquelle il vit (Rosa von Praunheim, 1971) ***
Daniel, un jeune gay débarqué à Berlin-Ouest, explore les milieux homos de la ville en quête d'une tribu qui lui convienne mais est déçu. Un faux documentaire génial de provocation subversive comme les 70's savaient le faire, construit en voix off comme un Erklärungsfilm ("film d'explication"). Le scandale qu'il provoqua à sa sortie mit sur les rails le GayLib en Allemagne et en Autriche et fit de son réalisateur la figure tutélaire du mouvement. BR Allem

Le cercle rouge (Jean-Pierre Melville, 1970) ***
Calé sur un chromatisme gris-bleu et des plans à la composition qui imprègnent chaque moment d'une mélancolie  à la limite de l'irrespirable, un thriller existentiel sur quatre loups solitaires qui sont poussés vers leur destin par des trajectoires convergentes autour d'un casse de bijoux. D'un équilibre magistral entre le fond et la forme, c'est l'archétype du film melvillien. Delon, Bourvil, Montand et Volonte ont rarement été aussi bons et douloureux. BR Fr

The day the Earth stood still / Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise, 1951) **
Un classique de la SF dont l'économie des trucages et du design peuvent rebuter mais dont le scénario concentré et dynamique reste un modèle. L'appel à la raison et au pacifisme, replacé dans le contexte géopolitique de l'époque, apporte au film sa solidité culturelle. Michael Rennie et Patricia Neal forment un des couples les plus adultes de la SF. Et quelle belle idée que ces trois mots insensés et mémorables : "Klaatu barada nikto". BR Fr

Taking off (Milos Forman, 1971) ***
Le premier (et le meilleur) film américain de Forman raconte dans un style original qui fusionne le modernisme européen et américain la recherche à et autour de New York d'une ado fugueuse par ses deux parents. Avec beaucoup d'humour et de tendresse et sans juger ni l'une ni les autres, la fracture générationelle, sujet de tant de films formatés, y est révélée sous un surprenant point de vue. La séquence du casting au début est fascinante. BR Fr

Michael Kohlhaas (Arnaud des Pallières, 2013) 0
Mads Mikkelsen est encore une fois habité par ses démons et minéral dans ses expressions dans cette histoire de vengeance dans les Cévennes des années 1500 (tirée d'un fait divers réel qui s'est passé en Allemagne). Les images sont bellement composées mais le rythme languissant et l'austérité ampoulée de chaque action ou regard tournent au désavantage du film. Le film historique est un genre qui ne souffre pas l'ennui. BR Allem

Man of steel (Zack Snyder, 2013) *
Si les scènes impliquant Clark Kent/Superman parmi les humains fonctionnent et réussissent à créer une émotion, l'inflation pyrotechnique et l'action apocalyptique de tout ce qui concerne les méchants de Krypton est écoeurante. Henry Cavill est canon mais doit revoir son expressivité. Le plus intéressant dans tout ce fatras est le symbolisme christique - à la truelle - et la présence d'Amy Adams, toujours parfaite (une belle scène finale). BR Fr

Noah / Noé (Darren Aronofsky, 2014) 0
Un navet ridicule, boursouflé comme une outre, qui fusionne le Livre de la Genèse, The Lord of the Rings, un téléfilm SyFy et une pub écolo avec, derrière la caméra, un réalisateur qu'on sent poussé par une mission incertaine. L'outrance et le kitsch du sujet, qui pourraient être réjouissants, croulent sous le poids du sérieux, incarné dans le jeu de Russell Crowe. Mais ça plait dans la Bible Belt et ailleurs et ça, ça interroge. Ciné

The Boston strangler / L'étrangleur de Boston (Richard Fleischer, 1968) ***
La traque et les auditions d'Albert DeSalvo (Tony Curtis) qui tua des femmes à Boston de 1962 à 1964. Fleischer réalise une première heure fascinante d'audace thématique et technique avec les fausses pistes révèlant différents types de déviants et l'emploi magistral du split-screen. La seconde partie, après la capture, est plus traditionnelle, hormis le point de vue sans préjugés sur la schizophrénie. Impressionnant dans le fond comme dans la forme. BR Fr

Underworld / Les nuits de Chicago (Joseph von Sternberg, 1927) **
Part film de gangster (genre duquel il fut une des matrices), part mélodrame amoureux, le premier grand film (muet) de studio de von Sternberg met en place les éléments de sa marque de fabrique (clair-obscur, décors chargés, sens de la composition et du rythme, trio romantique). Si le début laisse de la place à la comédie, la seconde partie déploie un intense suspense dont l'émotion n'est pas absente. Evelyn Brent et Clive Brook sont formidables. DVD Z1 US

Super 8 (J.J. Abrams, 2011) *
Un hommage révérencieux au Spielberg (qui l'a produit) des années 80 avec ses familles décomposées, ses ados infatigables, sa province stéréotypée, ses lumières dans la nuit, son armée cachottière et sa créature extraterrestre en vadrouille. Et le sirop des bons sentiments. Ca se laisse voir bien sûr parce que c'est éprouvé et bien fait, mais l'impression de déjà vu, du début à la fin, est omniprésente. Pour un samedi après-midi de glandouille. BR Fr

Snowpiercer (Joon-ho Bong, 2013) 0
Un film de SF écologico-marxicisant, truffé d'incohérences scénaristiques et de métaphores lourdaudes autour du futur de la Planète et de l'Humanité. Ce train qui traverse une Terre glacée avec ses passagers séparés (les renégats et les riches, pardi !) fonce dans le vide. Une scène fonctionne (la salle de classe) et Tilda Swinton, méconnaissable dans un rôle outrancier, s'amuse et casse la baraque. A l'arrivée, un navet de première classe. BR Fr

Ausente / Absent (Marco Berger, 2011) **
Un lycéen réussit à se rapprocher de son professeur de sports qu'il entraîne dans un jeu de séduction. Un petit film argentin qui semble commencer comme un thriller psychologique gay avant de bifurquer vers une étude du désir et du regret d'une sincère et émouvante banalité. Tout est en retenue et tension, fixé sur le visage et le corps de ses deux acteurs (le prof très bon, l'ado un peu moins), c'est assez réussi dans le genre du film intimiste. BR Fr 

Halloween II (Rob Zombie, 2009) 0
Qu'est ce que c'est mauvais ! Michael Myers, au masque de peau, revient tuer au couteau et à la hache tout ce qui bouge. Il y a Malcolm McDowell qui bien entendu cabotine, Brad Dourif qui échoue à tirer le film vers le haut, une dame blanche, des ralentis nocturnes, des clins d'oeil grossiers (la petite fille de Frankenstein) et du gros gore qui gicle. J'ai aperçu la seconde moitié en fast forward. Et certains critiques méritent des coups de pied au cul. BR Fr

Der Baader Meinhof Complex / La Bande à Baader (Uli Edel, 2008) **
Les dix premières années de la Fraction Armée Rouge, le groupe terroriste d'Extrême-Gauche allemand des années 70 mené par Andreas Baader (Moritz Bleibtreu, médiocre) et Ulrike Meinhof (Martina Gedeck, excellente). La reconstitution de l'époque et la réalisation sont impeccables mais le scénario réduit le sujet en privilégiant l'action pure aux détriment des motivations politiques. "Carlos" d'Assayas (2010) est d'un tout autre niveau. Br Fr

9 mois ferme (Albert Dupontel, 2013) 0
Une juge vieille fille découvre qu'elle est enceinte d'un voleur assassin psychopathe. L'unanimité sur la réussite et l'humour de ce film et le César de Sandrine Kiberlain m'ont donné envie de le voir. Si l'histoire est amusante, les chichitteries de mise en scène (les placements de caméra, le gore gratuitement appuyé) et les clins d'oeil lourdauds (caméos, autoréférence) m'ont vite fatigué. Le style Dupontel, s'il existe, est juste insupportable. BR Fr