27 décembre 2010

Heroes of mine : Lizabeth

Lizabeth Scott (née en 1922)

Chacune des apparitions du nom de Lizabeth Scott au générique d'un Film Noir, genre dont elle fut l'une des figures tutélaires, me procure un ravissement dont peu d'autres actrices peuvent se targuer. Elle n'a fait qu'une vingtaine de films entre 1945 et 1957 avant de laisser tomber, juste après avoir donné la réplique à Elvis dans son deuxième film, le sympathique et anodin "Loving you". Puis elle enregistra un album dans la foulée ("Lizabeth") et se retira, seule, dans sa grande maison d'Hollywood Boulevard, où elle vit encore aujourd'hui.


Sa discrétion depuis plus de cinquante ans est parfois rompue, notamment ces dernières années, le temps d'une projection d'un de ses films à une cinémathèque ou un cinéma patrimonial de Los Angeles. Elle doit être étonnée du regain d'intérêt que les connaisseurs lui témoignent et de son fan club toujours plus nombreux, elle dont le nom fut si souvent écorché et que les distraits confondaient parfois avec Lauren Bacall, avec laquelle elle partage en effet un petit quelque chose.


Mais Lizabeth Scott a toujours mieux manié le revolver que Bacall et ses imprécations à l'encontre de ses ennemis dans les thrillers qu'elle fréquentait avaient un potentiel de menace qui n'appartenait qu'à elle. Son look de femme fatale boudeuse était doté d'un tout petit défaut d'élocution qui donnait à sa voix grave et rauque entre toutes un supplément d'âme et d'une très légère coquetterie dans les yeux qui en agrémentait le charme. Il suffit de la voir dans "The strange loves of Martha Ivers" (1946), "Dead reckoning" (1947), "Desert fury" (1947), "Easy living" (1949), "Dark city" (1950), "Stolen face" (1952) pour comprendre qu'on tient là une personnalité pour qui le Film Noir (ou le mélo-thriller où elle fut aussi excellente) semble avoir été inventé.


Son jeu fut certainement limité mais sa présence, elle, en était inversement proportionnelle : son magnétisme à l'écran a résisté à toutes ces décennies et lui a permis de s'assurer une place de choix dans les coeurs de cinéphiles qui ne se lassent pas des amorales histoires concoctées par les scénaristes hollywoodiens des années 40 et 50. Sa vie privée, aussi mystérieuse que ses personnages, a été soumise à bien des rumeurs (the "L" word...) et lui a sans doute coûté sa carrière mais le temps en a effacé le scandale. Lizabeth Scott est l'une des reines du Film Noir, malgré le peu de films dans lesquels elle a paru : sa rareté en fait aussi son prix, inestimable.

Lizabeth Scott en 2007, à une projection de "The strange loves of Martha Ivers" (soixante ans la séparent de son image en miroir sur l'affiche du film)

2 commentaires:

  1. Une de mes actrices préférées en fait. Je ne sais pas si c'est parce qu'elle rencontre un personnage qui lui convient à merveille mais sa fausse femme fatale, vraie fille paumée, dans L'Emprise du crime est une des interprétations que je préfère dans l'histoire du genre.
    Avec un coup de coeur particulier pour une série B "La Tigresse" (superbe titre VO : Too late for tears) où elle joue une tueuse qui a pour caractéristiques (grâce à elle, je ne pense pas que les scénéristes pensaient à cela), au lieu de se montrer froide et venimeuse d'être extrêmement sentimentale. Elle est simplement amoureuse d'un gros sac de billet de banques.
    Les deux films sortis dans la collection "Bad girls of Columbia" sont assez anodins, sauf pour elle, malheureusement.
    J'aime beaucoup Stolen Face, sinon et Desert Fury, évidemment.

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  2. Et cette fin de Dead Reckoning, quand Bogart vient la voir sur son lit d'hôpital et qu'elle murmure quelques mots de sa voix inimitable avant de faire la grand saut (en parachute, quelle métaphore sublime !) Geronimo !

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