30 janvier 2010

Music Memories : Ich brauch' Tapetenwechsel (Hildegard Knef, 1970)

Hildegard Knef a bercé tout mon mois de janvier 2010 de sa voix rauque, de ses airs accrocheurs et de ses paroles affûtées : son double CD "Schönen Zeiten, Ihre unvergessenen Singles" (une compilation de tous ses singles de 1962 à 1979) n'a pratiquement pas quitté mon lecteur. Avant février et de passer à autre chose, voici Knef dans un de ses shows TV des années 70, interprétant l'un de ses plus grands tubes, "Ich brauch' Tapetenwechsel" (traduction exacte : "J'ai besoin d'un changement de papier peint"). Une chanson entraînante et triste à la fois dont elle a écrit elle-même les paroles. J'en adore la poésie et les accords de guitare.

C'est l'histoire d'un bouleau qui en a marre d'être planté dans sa prairie et qui décide d'aller voir du pays. Autrement dit : l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Auf Wiedersehen, Hilde...

Ich brauch' Tapetenwechsel, 1970
Paroles : Hildegard Knef / Musique : Hans Hammerschmid



Ich brauch' Tapetenwechsel sprach die Birke
Und macht sich in der Dämmerung auf den Weg
Ich brauche frischen Wind um meine Krone
Ich will nicht mehr in Reih und Glied
In eurem Haine stehen, die gleiche Wiese sehen
Die Sonne links am Morgen, abends rechts

Ich brauch' Tapetenwechsel sprach die Birke
Und macht sich in der Dämmerung auf den Weg
Ein Bus verfehlte sie um 20 Zentimeter
Und auf dem Flugplatz war sie ernsthaft in Gefahr
Zwei Doggen folgten ihr um Astes Breite
Und kurz nach zwölf traf sie ein Buchenpaar

Ich brauch' Tapetenwechsel sprach die Birke
Und macht sich in der Dämmerung auf den Weg
Die eine sprach: „Sie haben hier nichts zu suchen
So was wie Sie hat nicht einmal ein Nest!”
Sie wurde gelb vor Ärger und weils auch schon Herbst war
Verzweiflung kam ihr langsam ins Geäst

Ich brauch' Tapetenwechsel sprach die Birke
Und macht sich in der Dämmerung auf den Weg
Des Försters Beil traf sie im Morgenschimmer
Gleich an der Schranke, als der D-Zug kam
Und als Kommode dachte sie noch immer
Wie schön es doch im Birkenhaine war

Ich brauch' Tapetenwechsel sprach die Birke
Und macht sich in der Dämmerung auf den Weg...

J’ai besoin d'un changement de décor dit le bouleau
Et au crépuscule il se mit en route
J’ai besoin de vent frais autour de ma couronne
Je ne veux plus être en rang avec vous
Debout dans la clairière, regardant la même prairie
Le soleil à gauche le matin, à droite le soir

J’ai besoin d'un changement de décor dit le bouleau
Et au crépuscule il se mit en route
Un bus le manqua de vingt centimètres
A l’aéroport il fut en grave danger
Deux dogues le suivirent à courte distance
Et juste après minuit il rencontra deux hêtres

J’ai besoin d'un changement de décor dit le bouleau
Et au crépuscule il se mit en route
L’un des deux lui dit : “Ta place n’est pas ici
Un arbre comme toi ne porte même pas de nid!”
Il devint jaune de colère et parce que l’automne était là
Le désespoir s’insinua dans ses feuilles

J’ai besoin d'un changement de décor dit le bouleau
Et au crépuscule il se mit en route
Au petit matin la hache du bûcheron eut raison de lui
Près du passage ferré alors qu'arrivait le train de banlieue
Et maintenant transformé en commode il pensait
A quel point c’était bien dans la clairière aux bouleaux

J’ai besoin d'un changement de décor dit le bouleau
Et au crépuscule il se mit en route...

27 janvier 2010

Le péché d'Adam et Eve (Miguel Zacarias, 1969)


Les quêtes spirituelles sont le terrain des révélations. Il y a trois semaines, en faisant une recherche sur la métaphysique de la Création, je suis tombé sur une page web qui parlait d’un film mexicain des années 60, El pecado de Adan y Eva (Le péché d'Adam et Eve), entièrement dédié au sujet qui me taraudait à l’époque (il y a trois semaines, pas dans les années 60) : le Péché Originel.

Une rapide consultation d’IMDb me fit découvrir deux courts avis sur le film, l’un amusé, l’autre renfrogné. C’est le second (écrit par une spectatrice créationniste britannique) qui titilla mon intérêt. Je vous le livre ici, traduit par mes soins :

"Trop de nudité, pas assez de spiritualité.

J’ai vu ce film récemment et je ne l’ai pas beaucoup apprécié. Regarder deux personnes attirantes se promener nues pendant deux heures dans un jardin n’est pas vraiment passionnant. Rien ne se passe si ce n’est une abondance de nudité. En 1981, le film de science-fiction « La guerre du feu » avait fait bien mieux en racontant l’histoire d’Adam et Eve dans une ambiance d’hommes des cavernes, de mammouths géants et de tribus de Néandertaliens. Ne croyant ni aux hommes des cavernes ni à Darwin, j’avais quand même trouvé que « La guerre du feu » était en tous points de vue un meilleur film. « Le péché d’Adam et Eve » est juste de la nudité gratuite avec des seins à la place d’une histoire et ça tourne vite en rond."

Inutile de dire que j’ai commandé vite fait le DVD pour trois fois rien et que je l’ai visionné dès réception. Je ne le regrette pas : je n’avais encore jamais rien vu de semblable. Et j’en ai vu.


Pour ceux qui ignorent le sujet, le voici en quelques mots :

Dans un jardin luxuriant rempli d’animaux, un malabar se réveille nu au pied d’un arbre : c’est Adam, le premier homme. Il fait de l’exercice, se baigne, joue avec des bêtes gentilles et mange des bananes en les écrasant. Puis il s’ennuie. Un jour, il découvre à sa surprise une femme nue à ses côtés : Eve, la première. Pendant un certain temps, ils batifolent tous les deux dans leur Eden : Adam apprend à Eve à nager le crawl, Eve se sèche les cheveux et à se refait une beauté en riant dès qu’elle sort de l’eau. Elle apprend aussi à Adam à peler les bananes. Mais un serpent tente Eve en lui vantant les délices d’un fruit étrange qui pousse sur l’Arbre du Mal. Eve pousse Adam à cueillir un des fruits : ils se le partagent et sont immédiatement chassés de leur jardin par deux épées de feu sous un orage dantesque. Comme il fait soudain plus froid, ils se fabriquent un pagne chacun et partent, confus, dans un paysage volcanique vers un destin incertain. Fin de l'histoire (ou début, comme on voudra).

El pecado de Adan y Eva, c’est exactement cela. Ni plus, ni moins. Le film a été écrit, produit et réalisé par un vieux de la vieille du cinéma mexicain, Miguel Zacarias (1905-2006), auteur d’une cinquantaine de films entre les années 1930 et les années 1980. C’était sa première incursion dans le cinéma religieux dont il se fera une spécialité après le triomphe du film (comme j'aimerais maintenant voir ses "Jésus, Marie et Joseph" ou "La vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ"). Car triomphe il y eût, mais sans doute pas pour des raisons très catholiques. En 1969, année hypocrite, le public hispanique déferla dans les salles pour se rincer l’œil, comme Adam se rince de la poussière qui le recouvre à sa naissance spontanée, sur l’anatomie avantageuse et particulièrement mise en valeur des deux acteurs à l’écran : Candy Cave et Jorge Rivero.


Enfin, acteurs est un bien grand mot car leur prestation s’apparente plus à de la déambulation active qu’aux exercices de Stanislavski. Ignorons donc leur jeu, épouvantable, pour s’arrêter un peu sur leur physique, qui lui, damne le pion à tous les Stanislavski du monde.

Candy Cave est Eve (elle fut aussi connue, apparemment, sous le nom de Candy Wilson et le générique la mentionne comme Kandy tout court) mais je préfère l’appeler par sa francisation : Bonbon Grotte. Bonbon Grotte, donc, a sans doute été un peu avant le film un modèle pour photos légères – enfin, cet avis n’engage que moi mais je la vois mal en astrophysicienne ou syndicaliste – et a du se faire remarquer par Zacarias dans un magazine acheté dans le métro de Mexico City. Elle a pour elle une beauté un peu innocente et l’innocence d’avoir cru à une carrière au cinéma. Le péché d’Adam et Eve y fut sa seule apparition. Dans le film, ses longs cheveux châtains recouvrent ses seins là où il faut mais les laissent aussi surgir quand il le faut. Elles les a d’ailleurs mignons et fermes, comme elle a la taille fine et la jambe longue. La scène la plus difficile qu’elle ait à jouer est celle où elle s’arrange les cheveux en riant au sortir de la rivière : comme elle le fait très bien, Zacarias lui a demandé de le faire trois fois et trois fois, il nous la ressert. Bonbon Grotte a aussi un peu peur du serpent (car c'en est un vrai, pas un en plastique) et le format idéal pour se blottir dans les bras musclés de son partenaire qui lui, est le véritable héros et l’attraction du film : l’über-hunk Jorge Rivero. C'est donc ici que je laisse tomber Bonbon Grotte en chemin, tant pis pour elle.


Jorge Rivero... Je ne le connaissais pas, celui-là. Mais après avoir vu Le péché d’Adam et Eve, il me semble maintenant le connaître sous toutes les coutures. Jorge Rivero (parfois rebaptisé George Rivers) est un acteur mexicain - très connu en son pays semble-t-il - né en 1938 et qui a commencé sa carrière au cinéma dans des films de catch au milieu des années 60. Pour la petite histoire, ses premiers rôles le voyaient porter une cagoule qui cachait ses traits à ses premiers fans... qui fantasmaient à juste titre sur le possible visage qui pouvait surmonter un corps pareil. Le suspense a duré un temps avant que Rivero ne retire la cagoule et tout le reste, notamment dans le film qui nous intéresse ici. Je n’ai vu aucun autre de ses films (près de 125 au compteur en 2001 d’après IMDb, quand même), dont la plupart m’ont l’air d’être kitscheries Sixties et Seventies au vu des photos ou extraits, mais les spécialistes s’accordent à dire que Le péché d’Adam et Eve, pour qui veut savoir ce qu’est le phénomène Rivero, est certainement là où il faut commencer et sans doute aussi finir.

Jorge Rivero : a man is a man is a man is a man

Jorge Rivero, dans Le péché d’Adam et Eve, a 30 ans et s’il fallait trouver une image pour illustrer le concept d’hispanic beefcake, la sienne ferait parfaitement l’affaire. Baraqué, ténébreux et masculin au possible, il est de presque tous les plans du film et c’est lui – et non Adam – le véritable héros du navet (qui, justement, parce que Rivero y apparaît pendant une heure en tenue d’Adam, n’en est pas un). L’acteur est lamentable mais le scénario qu’on lui a donné n’exige pas de compétences spécifiques, si ce n’est celle d’avoir une présence et une sacrée dose de narcissisme. Et de cela, Jorge Rivero ne manque pas, lui qui a dit "qu’il n’y pas un seul film dans lequel le réalisateur ne m'a pas demandé de tomber la chemise" et "que je me suis tapé presque toutes mes partenaires d’écran" (ça, c’est la vraie classe mexicaine). Bonbon Grotte, on l’imagine et l’esprit s’embrase, a donc du empocher une partie de son cachet en nature.

Les premières scènes de Jorge Rivero dans Le péché d’Adam et Eve le voient errer seul au milieu d’un paysage volcanique hostile et crier « Eva » au moins une quinzaine de fois, découvrant le phénomène de l’écho au passage. Durant cette séquence, il est vêtu d’un pagne de peau, dont le réalisateur le débarrasse rapidement dans le long flashback qui constitue le corps du film. Pendant une demi-heure, le spectateur a maintenant droit à un véritable festival de nudité masculine, Jorge Rivero profitant dans le plus simple appareil des plaisirs de la course dans la prairie, de la plongée dans la cascade, de la sieste au soleil, de la compagnie des agneaux et du goût de la banane. On est en 1969 et le film, il faut le rappeler, est du genre religieux, la nudité frontale n’est donc pas encore de mise : si Rivero ne nous cache rien de son viril derrière, son intrigant devant nous est soigneusement dissimulé par des subterfuges plus ou moins grossiers comme des plantes diverses bien placées au premier plan de l’image et, de façon beaucoup plus amusante, de l’étonnante manière qu’il a de se déplacer en crabe lors des passages à risque devant la caméra. A quelques reprises cependant, lors d’un plongeon dans le lac ou lors d’une course un peu folle dans les sous-bois, son entrejambe apparaît le temps d’un clin d’œil qui durent, à l’époque de la sortie du film en salle, provoquer bien des suées chez les fans de toutes orientations qui n’avaient pas accès, à leur désespoir, à la télécommande. Si Rivero est bien l’objet de désir principal du film, Bonbon Grotte, qui est beaucoup moins présente à l’écran que lui, bénéficie du même traitement affriolant quand de temps en temps, une longue mèche de cheveux glisse sur sa poitrine pour découvrir un téton. Zacarias a pensé à tout.

Adam et Bonbon Grotte chassés du Paradis

Pendant toutes leurs scènes communes, Jorge Rivero et Bonbon Grotte n’ont pas un seul moment démonstrativement érotique entre eux (et pourtant, on l’attend venir ce moment) et ils quittent le Jardin d’Eden comme ils y sont venus : dans l'exhibitionnisme le plus total et la plus grande innocence sexuelle. Mais cette fois, en pagnes de feuilles de banane. En réalité je vous le dis, Le péché d’Adam et Eve ressemble fort, avec la charge poétique en moins et le kitsch coloré en plus, à la célèbre scène de séduction aquatique de Tarzan et sa compagne (1934) de Cedric Gibbons, mais dont la durée serait prolongée, comme un improbable orgasme, sur plus d’une heure.


Je me suis longuement étendu sur Jorge Rivero et ne m’étendrai donc pas sur les autres plaisirs coupables ou pas du film : le décor naturel assez beau (les cascades d’El Salto, dans la région mexicaine de San Luis Potosi), les irrésistibles fleurs en plastique multicolores qui parsèment l’image pour donner l’illusion d’un Eden de carte postale pop, les multiples et incompréhensibles coups de colère de Jorge Rivero contre la racine d’un arbre dans laquelle il se cogne régulièrement le pied, les simagrées de Bonbon Grotte qui n’en finit pas de se recoiffer au sortir du bain, l’indéfinissable fruit que les deux nudistes se partagent au pied de l’arbre du Mal (ce n’est pas une pomme en tous cas, c’est certain) et l’exploitation égrillarde qu’a fait l’auteur du film d’un moment-clé de la Genèse (et qui a provoqué la colère de la commentatrice d’IMDb citée au début de ce billet).

Le péché d’Adam et Eve a connu un grand succès à sa sortie, il y a plus de 40 ans, et semble faire aujourd’hui l’objet d’un culte de la part de ses admirateurs. Je suis loin d'être certain qu’il soit en odeur de sainteté auprès des Créationnistes mais il a gagné ses galons auprès de ceux qui savent apprécier à leur juste valeur pectoraux, biceps, fessiers et yeux de braise. C'est un film qui n'est ni bon ni mauvais, ni bien ni mal. Il est autre. God save the Sixties and Jorge Rivero.

Après avoir vu le film, je me suis demandé quelle pouvait bien être la tête de ce Miguel Zacarias qui me semblait devoir obligatoirement avoir une lueur pétillante dans le regard, une assurance de bon vivant et un goût pour les substances pour avoir écrit, produit et réalisé un tel festival de bibliques nudités affriolantes. Une petite recherche sur le web m’a permis de trouver une photo de ce roi de la cuisse légère. La voici.

Le sémillant Miguel Zacarias (1905-2006)

Le péché d’Adam et Eve est disponible en Z0 chez Laguna Films (visuel du DVD en haut du billet). L’image est pan&scan (ce n’est pas bien gênant). Le master n’a fait l’objet d’aucune restauration et est de qualité correcte. Le son est correct aussi, espagnol d’origine. Il n’y a pas de sous-titres mais à part quelques déclamations divines au début et quelques chuchotements sournois du Serpent, il n’y a aucun dialogue donc on s’en moque. Bref, si vous êtes un peu attirés par la Bible ou beaucoup par Jorge Rivero, vous pouvez y aller. Car on ne tombe pas sur un film de ce calibre tous les quinze du mois, croyez-moi dur comme fer.

Pour vous donner une idée du film, en voici quelques morceaux de choix :

23 janvier 2010

Passages : Claude France


Ayant découvert hier soir à la Cinémathèque le très moyen La madone des sleepings de Maurice Gleize (1927), adaptation muette au rythme déséquilibré et à la réalisation peu inspirée du best-seller de Maurice Dekobra (1925), j'ai découvert du même coup une intéressante actrice au beau nom bien de chez nous dont la carrière n'a laissé quasiment aucune trace : Claude France.

Cette actrice du muet, née en 1893 en Allemagne sous le nom de Jane Josephine Wittig, est apparue dans un petite vingtaine de films entre 1920 et 1928. En 1927, la consécration arrivait avec l'obtention du rôle convoité entre tous de Lady Diana Wynham, la scandaleuse héroïne de La madone des sleepings. Elle s'y montrait sous tous les angles, vêtue ou non et réussissait à donner corps à la créature de Dekobra. Le 2 janvier 1928, près de deux mois avant la sortie du film en salle, Claude France mettait fin à ses jours à l'âge de 34 ans en s'asphyxiant au gaz dans le XVIe, "suite à des chagrins intimes" (dixit la presse d'époque).

Il reste peu de choses d'elle. Quelques films difficilement visibles et parfois, une photo ancienne qui passe sur eBay, comme celle-ci, dont la dédicace m'a intrigué :

"A Jacque, à mon Prince Charmant en souvenir de la Princesse Elise qu'il a traité (sic) avec tant de désinvolture ! affectueusement. Claude France. oct 1924".

Une photo dédicacée à son partenaire Jacque Catelain (1897-1965) qui venait de jouer avec elle dans Le prince charmant de Viktor Tourjansky, sorti en 1925. Claude France était sans doute, pour son malheur, une trop grande amoureuse.

19 janvier 2010

Mad Men : Truth or lie ?

Les Sixties dans la fiction :
Betty, Joan et Peggy dans la série Mad Men


Les Sixties dans la réalité :
Frances, Francine et Fanny sur leur unique album "Jesus use me"

13 janvier 2010

Moments : Mad Men, Joan et les chenilles

Dans l'excellente série Mad Men (Saison 1, épisode 6 "Babylone"), j'ai noté un échange savoureux entre Don Draper et sa femme Betty. Betty est au lit et lit le roman "The best of everything". Don se glisse entre les draps, regarde le titre du bouquin que Betty dévore et lui dit :


Don (sarcastique) : Ça a l'air fascinant !
Betty : C'est mieux que le film.
Don : C'est certainement plus osé.
Betty : Joan Crawford n'est plus ce qu'elle était. Et en plus, je trouve que ses sourcils sont vraiment énervants. On dirait qu'elle s'est collé une paire de chenilles sur le front.
Don : Ben, certains hommes aiment les sourcils ! Et de toutes façons, tous les hommes aiment Joan Crawford.


Deux chenilles collées sur le front.
Je n'y avais jamais pensé mais c'est exactement çà.

11 janvier 2010

Die Sünderin (Willi Forst, 1951)

L'affiche originale du film (1951)
La palette colorée est typique des affiches du cinéma allemand de l'après-guerre


Quelques années après la défaite de l’Allemagne en 1945, le cinéma allemand était, comme tant d’autres choses, presque totalement détruit. Si les Trümmerfilme (« films de ruines » tournés dans les décombres des villes bombardées) et les Heimatfilme (« films du terroir » racontant les plus souvent des histoires villageoises) permettaient à l’industrie cinématographique de relever un tout petit peu la tête, les premiers faisaient fuir le grand public qui voulait oublier les fantômes du passé et les seconds étaient trop locaux pour la rentabilité à l’exportation. Comme la plupart des réalisateurs de l’avant-guerre étaient partis depuis longtemps à Hollywood et que les vedettes qui avaient tourné à l'époque nazie n’étaient plus en odeur de sainteté, il fallait donc tout repenser pour tout reconstruire. L’histoire du cinéma ayant montré, en Allemagne comme partout ailleurs, qu’il n’y a pas mieux qu’un film sur un thème sulfureux avec une jeune et belle actrice pour doper le nombre de spectateurs, la recette allait de toute évidence être resservie. Il suffisait d’attendre.

En janvier 1951, cinq ans et demi après la fin de la guerre, le film qui allait réveiller pour de bon le cinéma des allemands et frapper un grand coup dans leur mémoire collective sortait sur les écrans : Die Sünderin (Confession d’une pécheresse / The sinner) de Willi Forst. Aujourd’hui encore, l’évocation même du titre du film en Allemagne provoque toujours une petite réaction de connivence chez votre interlocuteur (j'ai pu le vérifier moi-même très récemment à Munich). Car Die Sünderin, est, près de soixante ans après sa sortie, le plus gros scandale qu’ait jamais connu le cinéma allemand grand public. Et l’irruption tonitruante dans le show-business allemand d’une de ses stars les plus controversées : la sublime Hildegard Knef. Le film reste pourtant trop peu connu hors des frontières germanophones.


Achtung ! Le résumé suivant est truffé de spoilers

Un couple boit un verre près d’un feu de cheminée. L’homme s’endort sur le canapé et la femme se remémore les dix dernières années dans une série de flashbacks. La jeune et trop jolie Marina (Hildegard Knef) vit avec sa mère, son beau-père et son demi-frère dans un appartement petit-bourgeois. Le beau-père passe son temps dans le mépris de sa femme qui a des aventures extra-conjugales. Un après-midi, Marina est violée par son beau-frère qui, son forfait accompli, ne pense qu’à recommencer. Marina s’enfuit alors de chez elle, plonge dans le monde de la nuit, des cabarets ambigus et petit à petit, de la prostitution haut-de-gamme. Elle a maintenant vingt ans, est devenue call-girl et escorte des messieurs plus ou moins vieux et fortunés. L’un de ses clients, Alexander (Gustav Fröhlich), est un artiste peintre-sculpteur sans grand succès qui tombe amoureux d’elle. Ayant trouvé en lui une épaule solide et un compagnon sincère, Marina rentre dans le rang et tente d’oublier son passé en savourant le présent. Dans leur jardin qui jouxte son atelier, Alexander, fait poser Marina pour la réalisation d’un tableau de nu : « Die Sünderin » (« La Pécheresse »). Le couple qui semble avoir trouvé le bonheur fait un voyage heureux en Italie mais au retour, des troubles visuels font diagnostiquer chez le peintre une tumeur au cerveau. En rétribution de la coûteuse opération chirurgicale nécessaire et que le couple n’a pas les moyens de payer, Marina offre pour une nuit son corps au chirurgien qui doit opérer Alexander. L’opération réussit : Marina et Alexander se retrouvent unis comme jamais. Alexander connaît ses premiers succès d’artiste mais rapidement, la tumeur revient, incurable cette fois. Retour au couple qui boit un verre près du feu de cheminée : ne voulant pas décliner dans la souffrance, Alexander a demandé à Marina de l’aider à mourir avec des produits pharmaceutiques subtilisés au chirurgien. Marina lui sert un cocktail létal et, alors que son compagnon perd connaissance, elle aussi avale les médicaments pour l’accompagner dans la mort.

Si c’est pas du mélodrame ! Tiens, Detlef Sierck, prend çà ! A sa sortie, Die Sünderin fit l’effet d’une bombe : avait-on jamais vu autant de tabous alignés dans un seul film ? De mémoire de spectateur, certainement pas. L’adultère, l’inceste, la prostitution, l’euthanasie et le suicide (double, qui plus est) traités en 83 minutes avec un titre racoleur digne d’une production de dessous le manteau. L’Eglise catholique (et surtout, bizarrement, au Luxembourg) attaqua la première et condamna fermement le film pour son amoralité notamment à cause de sa représentation de l’euthanasie et du suicide. Le traitement de l’euthanasie surtout frappa les esprits car la révélation des programmes d’euthanasie du Troisième Reich était encore toute fraîche et réveillait bien des démons dans la mémoire des allemands. Les associations familiales s’en mêlèrent, mais en se focalisant plutôt sur les thèmes de l’inceste et de la prostitution, jamais montrés aussi franchement au cinéma depuis le tout début des années 30. Hildegard Knef-"La pécheresse" devint le point de focalisation du scandale et alla jusqu'à recevoir des menaces de mort des légionnaires de la décence.


Mais ce n'était pas tout : le scandale s’amplifia encore quand le bouche à oreille fit état d’une scène dans laquelle Hildegard Knef était entièrement nue. Le moment existe bien mais est très court et – tout au moins vu aujourd’hui – d’une remarquable innocence : il s’agit de la scène où Marina pose nue pour son peintre de compagnon sur la pelouse de leur jardin. Si le plan large permet en effet d’apercevoir de très loin la nudité et les seins de l’actrice, les plans rapprochés cachent toute indécence. Ceux qui n’avaient pas vu le film furent évidemment les premiers – et presque les seuls - à hurler et on n’entendit qu’eux. Se doutant parfaitement que cette scène allait plus faire pour le succès du film que tous les autres audaces additionnées, Willi Forst intégra d’ailleurs une petite scène révélatrice dans laquelle deux jeunes hommes, pendant que Marina prend la pose en tenue d’Eve, passent en catimini par-dessus le mur du jardin et s’approchent d’elle pour se rincer l’œil avant d’être chassés par Alexander. Amusante métaphore sur le voyeurisme attendu du public. Il est aussi amusant de noter que "Die Sünderin" ne désigne pas, dans le film, le personnage de Marina mais bien le titre du tableau que son compagnon entreprend de peindre. Le public, évidemment, se mélangea les pinceaux et fusionna l'œuvre d'art au personnage... et à l'actrice elle-même (le titillant titre français "Confession d'une pécheresse", exploite d'ailleurs cette confusion évidemment voulue par les auteurs du film).

Tout cela (le titre, le scandale des tabous brisés et de la nudité) fonctionna formidablement bien et quatre millions d’allemands se précipitèrent en 1951 pour voir le film qui fut, jusqu’à la sortie de Sissi (Ernst Marischka, 1955), le plus gros succès de l’histoire du cinéma allemand, période nazie non incluse. Il en reste aujourd’hui encore une date-clé et un film que tous les allemands connaissent au moins de titre, à défaut de l’avoir vu. On peut un peu comparer le phénomène à celui qui accompagna la sortie d’Emmanuelle en France en 1974 (inutile de dire que Die Sünderin est d’un tout autre niveau qu’Emmanuelle).

Une affiche qui joue sur l'érotisme auquel le public s'attendait

Mais à part du point de vue de l’audace du scénario, qui ne repose pas sur les outrances de l’histoire (après tout, le film est un mélodrame et la péripétie improbable est l’apanage du genre) mais sur le nombre de tabous évoqués et du point de vue de l’intérêt historique, Die Sünderin est-il un bon film ? Oui, assurément. Et cela pour plusieurs raisons.

D’abord, la réalisation de Willi Frost (1903-1980), un acteur-réalisateur qui commença sa carrière dans les années 30 avec des films musicaux et dont Die Sünderin est le chef-d’œuvre, permet miraculeusement au film d’éviter tout pathos. Le réalisateur, ayant jugé le risque majeur, compte-tenu du scénario, de plonger dans le mélodrame échevelé, décida de traiter chaque scène avec retenue, en filmant les moments à scandale avec un art superbe de l’évocation et non pas de la démonstration : l’adultère de la mère est signifié par une remarque du beau-père ; le viol de Marina par son beau-frère est montré par un plan sur le visage impassible de la jeune femme (on ne voit pas le corps du garçon) ; la scène du nu est traitée, comme on l’a vu, avec distance et le double suicide qui clôt le film est présenté sur un ton d’une tristesse élégiaque plus proche de la tragédie que du mélodrame.Les relations troubles et la promiscuité sexuelle de la jeune femme devenue prostituée sont en revanche suggérées par une étonnante scène de dancing où deux hommes dansent ensemble et où l’héroïne se fait embrasser sur la bouche par une collègue lesbienne (clin d’œil vraisemblable à Marlene et sa fameuse scène de Morocco). La musique, quant à elle, n’est pas intrusive, au contraire de bien des mélodrames, mais appuie avec une rare discrétion les émotions des personnages. Toujours dans cette volonté de distanciation et d’évitement du pathos, l’un des aspects les plus étonnants du film est son utilisation quasi-exclusive de la voix off. Dès le début du film, la narration – en flashback – suit presque tout le temps la voix grave d’Hildegard Knef qui raconte au spectateur l’histoire de Marina et seules quelques rares lignes de dialogues sont prononcées par les personnages (en voyant le film, je me suis d’ailleurs demandé si c’était un choix volontaire du réalisateur où une nécessite technique pour des raisons de coûts de production : je n’en sais rien mais l’effet marche très bien et c’est l’essentiel). Ainsi, de façon très paradoxale, Die Sünderin, qui avait tout pour être un mélodrame de haut-vol, se révèle en fait un drame qui ne se prête pas aux effusions lacrymales mais à un autre type de sentiment, beaucoup plus subtil et nuancé. C’est tout au talent de Forst.

Une autre affiche qui capitalise sur celle de Gilda, sorti en 1946

Ensuite, Die Sünderin ose regarder en face une situation qui devait résonner avec force dans la conscience allemande du début des années 50 : celle de la détresse des femmes allemandes dans l’immédiat après-guerre, parfois obligées de recourir à la prostitution ou à d’autres activités peu recommandables pour assurer leur survie dans une société en ruines. Le personnage de Marina est le personnage central du film et son chemin de croix est exemplaire mais traversent sa route toute une cohorte d’autres personnages féminins – et quelques masculins - qui doivent aussi lutter et assurer leur existence en fermant les yeux sur la morale sociale. Le film ne prend pas parti, ni pour ni contre Marina, mais se contente de présenter son parcours sur un ton distancié, laissant le spectateur face à son propre jugement. Mais bien évidemment, le charme d’irrésistible innocence et le beau visage d’Hildegard Knef (admirablement photographié, comme tout le film, en noir et blanc), ne peuvent que faire pencher le spectateur le moins indulgent vers l’absolution du personnage. Die Sünderin peut être perçu comme un manifeste de tolérance et d’acceptation des actes et c’est sans doute une des raisons qui provoquèrent l’outrage des pourfendeurs du film à sa sortie : la société ne peut voir que ce qu’elle veut voir.

Hildegard Knef (1925-2002)

Et puis, il y a Hildegard Knef. A 25 ans, ce n’est pas la première fois qu’elle apparaissait à l’écran. Elle avait déjà à son actif quelques films dont un précédent succès, l’excellent Trümmerfilm Die Morder sind unter uns (Les assassins sont parmi nous, Wolfgand Staudte, 1946). Dans ce film, elle jouait une jeune prisonnière revenue d’un camp de concentration dans un Berlin en ruines et faisait déjà sensation par sa présence lumineuse. Die Sünderin devait être le véhicule qui la ferait passer au statut de première star allemande de l’après-guerre. Le projet marcha au-delà des espérances. Sa silhouette longiligne, ses longs cheveux blonds, son visage classique à la structure parfaite et aux yeux clairs (avec une très légère coquetterie dans le regard qui le rend d’autant plus émouvant) et sa voix chaude et grave, reconnaissable entre toutes, étaient les atouts imparables d’une star en puissance. Willi Forst exploita tous ces paramètres avec un maximum de flair et lui écrivit un personnage multiple, femme et enfant, pute et sainte, coupable et victime, impudique et détachée qui était un cadeau de rêve pour la jeune comédienne qu’elle était.

Le triomphe de Die Sünderin fit entrer du jour au lendemain Hildegard Knef au Panthéon d’un cinéma allemand en reconstruction tout en lui collant pour toujours une étiquette sulfureuse avec laquelle elle fit affaire. Aujourd’hui encore, Marlene Dietrich et Hildegard Knef - qui étaient d’ailleurs super copines - sont sans doute les deux actrices originaires d’Allemagne les plus présentes dans la mémoire collective du pays. Il en est pour preuve le biopic sorti récemment - que je n’ai pas vu - Hilde (Kai Wessel, 2009) avec Haike Makatsch, tiré de l’autobiographie à succès de Knef, "Der geschenkte Gaul" / "A cheval donné" (1970). La même année que Die Sünderin, l’actrice jouait dans un formidable film américain, Decision before dawn (Le traître, Anatole Litvak, 1951) qui devait lui ouvrir les portes de Hollywood. Mais la sauce de prit pas vraiment avec le public d’outre-Atlantique et après quelques autres films moins intéressants, Hildegard Knef revint en Allemagne où elle continua une très brillante carrière d’actrice, de chanteuse (écoutez l’un de ses CD, vous serez sans doute accrochés par sa façon de chanter très originale, entre chant et parole), d’écrivain et d’invitée de shows TV. Les allemands laissèrent tomber son prénom et ne l'appelèrent plus que "Die Knef". Dans les années 60-70, ses prises de position franches et médiatisées pour l’émancipation des jeunes et des femmes et pour l’avortement provoquèrent encore des remous dans l’opinion publique mais son combat courageux et public contre le cancer (qui eut raison d’elle en 2002) lui rapporta un capital de sympathie qu’elle n’avait de toute façon jamais vraiment perdu.

Pour en savoir un peu plus sur Hildegard Knef, n'hésitez pas à vous rendre sur l'indispensable blog de mon confrère Music Man : Movie Musical World.


Une des nombreuses compilations CD des tubes d'Hildegard Knef

Die Sünderin est donc un film passionnant à plus d’un titre et l’une des étapes majeures de l’histoire à rebonds du cinéma allemand (Die Sünderin aura un fan inconditionnel en la personne de Fassbinder, qui a souvent dit que ses propres mélodrames lui devaient beaucoup). Il faut le découvrir pour voir comment un seul film peut aider à reconstruire une industrie en lambeaux. Les fans de mélodrames et de films subversifs devraient y trouver plus que leur compte et les amateurs de belles femmes y feront une découverte inoubliable : Hildegard Knef à 25 ans, l’une des plus magnifiques jeunes actrices qui soit jamais apparue sur un écran. En plus d’être une personnalité terriblement attachante. Ses amoureux, eux, connaissent bien sûr déjà le film. Le voir, contrairement à ce que l’Eglise en avait dit en 1951, n’est pas un péché. Enfin, si c'en est un, il n'est pas mortel.

Die Sünderin, fleuron du cinéma allemand, a bien sûr été édité plusieurs fois en DVD Z2 en Allemagne. L’édition à avoir est celle de Kinowelt / Kulture Spiegel / ArtHaus (sortie en 2009, photo ci-dessous). L’image et le son sont excellents. Il n’y a malheureusement pas de sous-titrage (ce qui ne m’a pas du tout empêché de très bien suivre le film avec mes pauvres rudiments d’allemand). Une fois encore, une édition française s’impose pour aider le film à être plus connu en nos contrées.

2 janvier 2010

Films vus par moi(s), janvier 2010


*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Oyû-sama / Miss Oyu (Kenji Mizoguchi, 1951) **
Avec une retenue traversée de quelques lyrismes visuels, un mélodrame qui dresse la tragédie d'un triangle amoureux face aux conventions et le portrait sensible de deux sœurs. Austère, poétique et implacable. DVD

Gran Torino (Clint Eastwood, 2008) *
Malgré quelques belles scènes sur l'apprentissage de l'acceptation de l'autre, Eastwood acteur cabotine trop et le scénario manque de solidité. Au second degré, c'est un exercice narcissique de fin de carrière. DVD

A farewell to arms / L'adieu aux armes (Frank Borzage, 1932) ***
Un des grands films d'amour hollywoodiens. Hayes et Cooper bravent la guerre de 14, la jalousie de leur entourage et la censure dans une mise en scène qui fait monter progressivement le lyrisme et nos larmes. DVD

The witches / Les sorcières (Cyril Franken, 1966) *
Joan Fontaine (son dernier film) est envoûtée en Afrique, fait une dépression et se retire dans un village anglais qui est un nid de sorcières. Une première moitié bien fichue écrasée sous le ridicule du reste. DVD

Changeling / L'échange (Clint Eastwood, 2008) ***
Classiquement eastwoodienne dans sa réalisation et
émotionnellement éprouvante, cette reconstitution d'un terrible fait divers à tiroirs de 1928 m'a révélé l'actrice Jolie, bouleversante Mater Dolorosa. DVD

La madone des sleepings (Maurice Gleize, 1927) *
Une illustration muette maladroitement rythmée et trop statique du best-seller de Maurice Dekobra. Les acteurs sont plutôt bons (Fjord n'a cependant qu'une expression), certains décors Art Déco aussi. Ciné

Los abrazos rotos / Etreintes brisées (Pedro Almodovar, 2009) ***
Secrets de famille et passions contrariées : par la typologie du mélo, Almodovar poursuit son ode aux actrices (Cruz) et au pouvoir du cinéma. Un puzzle référentiel dont les pièces s'assemblent à la perfection. DVD

Agora (Alejandro Amenabar, 2008) ***
Le fanatisme religieux et le destin d'Hypatie d'Alexandrie (Weisz, excellente) permettent de transposer dans l'Antiquité
du IVe s. des sujets d'actualité brûlants. Un péplum audacieux, intelligent et troublant. Ciné

Knockin' on Heaven's door (Thomas Jahn, 1997) 0
Le grand succès du ciné allemand en 1997. Une parodie de road-movie qui joue sur l'attitude et les répliques cools de ses deux jeunes fuyards cancéreux. Film-culte en Allemagne et exaspérant sans rémission. DVD

Doubt / Doute (John Patrick Shanley, 2008) **
Streep et Hoffman s'affrontent avec leur talent et leurs maniérismes dans cette adaptation d'une pièce (Prix Pulitzer) sur les ravages de l'intime conviction. Un thriller psychologique porté par ses numéros d'acteurs. DVD

Brigade des mœurs (Maurice Boutel, 1959) *
Une série Z fauchée qui nous explique les mécanismes de la traite des blanches vers le Moyen-Orient pour nous montrer des filles dénudées. Tissier s'y travestit en mariée et Dalida y débute avec "Bambino". DVD

In the electric mist / Dans la brume électrique (Bertrand Tavernier, 2008) *
Les paysages et l'ambiance de la Louisiane apportent un beau supplément d'âme à ce film américain de Tavernier qui ressemble trop à un patchwork d'une multitude d'autres, notamment d'Eastwood. DVD

El pecado de Adan y Eva / Le péché d'Adam et Eve (Miguel Zacarias, 1969) 0 ou *** ?
Selon son goût pour l'over-kitsch, on
détestera ou adorera cette hilarante nullité mexicaine prétexte à voir batifoler nus dans un Eden criard deux splendides humains dont surtout Rivero, l'über-hunk par excellence. DVD

Die Sünderin / Confession d'une pécheresse (Willi Forst, 1951) ***
Immense succès de scandale en 1951, ce mélodrame en voix-off panache inceste, adultère, prostitution, euthanasie, suicide et les seins de Knef. L'actrice à la beauté renversante en récolta la gloire et une réputation. DVD

Heroes of mine : Louise

Louise Brooks (1906-1985)

En 1991, Orchestral Manoeuvres in the Dark poussait une chanson d'amour à Louise Brooks qui reste, près de vingt ans plus tard, l'un de mes tubes préférés des Nineties : la magnifique "Pandora's Box". Ce soir, je pensais à l'une et à l'autre. Alors voilà la chanson et revoilà Louise.



Born in Kansas on an ordinary plain
Ran to New York but ran away from fame
Only seventeen when all your dreams came true
But all you wanted was someone to undress you

And all the stars you kissed could never ease the pain
Still the grace remains the face has changed but you're still the same
And it's a long long way from where you want to be
And it's a long long way but you're too blind to see