20 septembre 2008

This is England (Shane Meadows, 2006)


This is England est un film britannique vraiment formidable sur le début des années 1980 qui mêle la grande histoire, les mouvements rebelles de l’époque et quelques destins individuels.

Ca se passe en 1983, dans le Yorkshire (les personnages ont des accents à couper au couteau). Le générique de début replace le contexte : Maggie Tatcher est au pouvoir, Charles et Diana se sont mariés, la Guerre des Falklands vient d’avoir lieu, les mouvements sociaux font rage, les skinheads sont infiltrés par l’extrême-droite, Soft Cell a fait un tabac avec la reprise de « Tainted Love »…

Shaun, 12 ans (mais il en fait 9), au physique assez ingrat et mal attifé, vit avec sa mère dans une petite ville grise et anonyme. Son père a été tué aux Falklands et il est un peu à la dérive. C’est un peu le bouc émissaire de sa classe. Un jour, il tombe sur un groupe de Skinheads qui le prend en sympathie. Il devient leur mascotte, se fait relooker par une des filles du groupe et retrouve la joie de vivre. Mais un membre de la bande qui vient de faire trois ans de prison refait surface, imprégné d’idées d’extrême-droite et commence à abreuver ses anciens copains de son discours haineux et raciste. Et Shaun est influençable…

Le film est joué à la perfection, notamment par le nouveau venu Thomas Turgoose (Shaun), Joseph Giglgun (Woody, le Skin qui le prend sous son aile au début) et Stephen Graham (Combo, le Skin fanatique). La restitution du début des années 80 est parfaite, des fringues à la bande musicale, des coupes de cheveux aux slogans tagués sur les murs. On pourrait presque croire que le film a été tourné à l’époque. C’est tellement bien fait qu’on entre immédiatement dans le double sujet du film, sans être distrait par l’artifice de l’ambiance : celui de l’évolution du jeune Shaun, qui passe de l’enfance à l’adolescence au fil de l’histoire et celui de l’infiltration du mouvement Skinhead par le Néo-Nazisme (qui provoquera sa mort lente).

Très belle réalisation de Shane Meadows (la ressemblance des prénoms entre le réalisateur et son héros font penser à un film quelque peu autobiographique) qui laisse les acteurs évoluer dans des scènes qui semblent toutes indispensables, sans aucune longueur. Les personnages sont tous parfaitement définis, physiquement et psychologiquement, même ceux qui ont un petit rôle. Les deux filles du groupe sont, dans leur genre, vraiment géniales. L’illustration musicale est enthousiasmante : morceaux d’époque ska, pop, punk, reggae… et des passages instrumentaux oniriques splendides.

Bref, This is England n’est pas un film qui révolutionnera le cinéma mais c’est une « time capsule » qui nous fait retourner 25 ans en arrière et c’est film très émouvant sur les épreuves que doivent traverser les enfants qui grandissent… et les autres.

1 commentaire: