20 septembre 2008

The Sorcerers (Michael Reeves, 1967)

Après Le Grand Inquiteur, Néo-Publishing a sorti le second chef-d'oeuvre de Michael Reeves : The Sorcerers (sorti à l'origine sous le titre La Créature Invisible). Et vous risquez de faire une splendide découverte en visionnant ce film rare.

Boris Karloff a inventé une machine qui permet de ressentir à distance les pensées et les sensations d'individus. Il l'expérimente sur un cobaye volontaire, un jeune homme assez naïf. Seulement, la femme de Karloff, une vieille mégère recluse, essaye aussi la machine sur la copine du jeune homme afin de vivre, par procuration, le quotidien excitant de celle-ci dans le Swinging London des Sixties. Le vieux et le jeune couple se retrouvent dans un engrenage de manipulation mentale et physique qui échappe vite à tout contrôle...

The Sorcerers est un film de 1967, à l'ambiance glauque au possible, filmé avec assez peu de moyens dans le Londres décrépit des années 60. Ca pourrait être sa faiblesse : c'est ce qui fait sa force. Karloff est excellent dans le rôle (l'un des ses derniers) du vieux scientifique harcelé par sa sorcière de femme tout comme Ian Ogilvy, alter ego de Michael Reeves, aussi bon ici que dans Le Grand Inquisiteur. Les deux femmes ne sont pas en reste, la vieille dans l'affreux, la jeune dans la vitalité vampirisée. Le film fourmille d'idées, dans l'utilisation d'effets psychédéliques bien de leur époque, mais surtout dans les rapports destructeurs des quatre personnages.

Réflexion sur le temps qui passe et les frustrations engendrées par les choses non réalisées, le film dresse un portrait effrayant et inédit du troisième âge, qui semble vivre ici dans la haine absolue de la jeunesse contemporaine. Toutes les scènes filmées dans les boîtes de nuit et les rues du Chelsea des années 60 donnent une parfaite idée de ce que devait être cette époque disparue mais bien gravée dans la mémoire collective.

The Sorcerers est à la base un film fantastique mais sa richesse thématique le propulse bien au-delà du genre et montre à quel point le cinéma a perdu avec la mort prématurée en 1969 de son jeune réalisateur à l'âge de 25 ans, un talent précoce qui aurait sans doute été, si il en avait eu le temps, l'un des grands cinéastes des années 70. Je ne sais pas ce que vaut le DVD Néo-Publishing mais si le master et le transfert correspondent au DVD UK édité il y a déjà quelques années, c'est du tout bon. Un grand film subversif qui mérite une une reconnaissance bien plus large et que je vous recommande très vivement : il est de ceux qui vous trottent dans la tête longtemps après les avoir vus.

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