20 septembre 2008

The Naked Prey (Cornel Wilde, 1965)


J'ai vu récemment The Naked Prey (mot-à-mot : "La Proie Nue") dans l'édition Criterion, très belle. Pas de sous-titres français mais il doit y avoir 10 lignes de dialogue anglais en tout et pour tout, donc ce n'est pas un problème. The Naked Prey est un film sonore, mais pas parlant au sens habituel du terme : les dialogues n'ont aucune importance.

Vers 1850, Cornel Wilde (acteur et réalisateur du film) est un accompagnateur de safari. Son détestable client outrepasse les codes de civilité d'une tribu africaine. Tout le safari le paie de sa vie sauf Wilde, qui est déshabillé par les autochtones vexés et poussé à la course avec cinq minutes d'avance dans la savane. Tout le film est sa fuite devant ses poursuivants, ses rencontres avec les dangers de la Nature africaine et ses stratagèmes pour sauver sa peau.

L'histoire, transposée en Afrique, est inspirée d'un fait divers qui a eu lieu en Amérique du Nord avec des Indiens et un trappeur. Le film dure un peu plus d'1h30 et est une course poursuite dans des paysages naturels d'une brutalité qui menace l'homme blanc à chaque instant. Végétaux vénéneux, fauves et reptiles dangereux, phénomènes climatiques, trafiquants d'esclaves et bien sûr, la chasse par les africains à sagaie. Cornel Wilde (il n'a pas de nom, c'est "The Man") se débrouille bien dans un rôle très physique qui utilise plutôt ses capacités d'ex-athlète que d'acteur, plutôt limitées. Pour 1965, certaines scènes du film sont étonnantes dans leur cruauté comme celle du massacre des membres du safari, dignes du King-Kong de 1933. De très nombreux inserts de scènes animalières sont parfaitement bien intégrés au reste du métrage. Les références à La Chasse du Comte Zaroff sont bien présentes mais c'est surtout le pompage du film par Gibson dans Apocalypto qui saute aux yeux. Parfois, le film semble se traîner un peu, paradoxe amusant et certainement volontaire de la part du réalisateur alors que son héros passe 75 % du film à courir à perte d'haleine. La bande musicale est composée exclusivement de tambours africains, très loin des accords habituels des films hollywoodiens. La photo est splendide.

Le film est un pionnier du genre du survival qui montre une Afrique d'une sauvagerie que je n'avais jamais vue à l'écran. La représentation des noirs - enfin de presque tous les noirs du film - peut sembler aux limites du racisme mais finalement, l'est-elle ? Le message du film n'est pas clair du tout, ce qui ajoute à son étrangeté. En gros, il semble dire que l'homme blanc n'a rien à faire en Afrique noire, mais est-ce vraiment ce que Wilde veut faire passer ? Je ne pourrai pas le dire.

Depuis le temps que je voulais voir The Naked Prey, je suis ravi de l'avoir découvert dans cette belle édition Criterion. Un film comme celui-là serait absolument impossible à monter aujourd'hui, pour des raisons politiques et communautaires évidentes. C'est même étonnant qu'il ait pu sortir en DVD sans soulever de protestation. Et c'est en soi une raison de plus de le voir. The Naked Prey est, cela va sans dire, l'antithèse absolue de Out of Africa.

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