20 septembre 2008

In Bruges (Martin McDonagh, 2007)


Un thriller existentiel catholique.

Deux tueurs à gages irlandais sont expédiés à Bruges par leur boss pour une raison qui leur échappe. Le plus jeune (Colin Farrell) est pétri de culpabilité suite à une première mission qui a mal tourné. Le plus âgé (Brendan Gleeson) commence à fatiguer de son job peu recommandable. A Bruges, ils découvrent une ville médiévale à l’atmosphère sereine : les musées, les églises et les canaux embrumés leur ouvrent les yeux sur une autre vie qui aurait été possible. Mais le boss (Ralph Fiennes) n’entend pas faire de ses tueurs des amateurs d’art et débarque à Bruges pour les remettre au boulot…

In Bruges est un film à l’esprit vraiment original, qui lorgne quelque peu du côté de Q. Tarantino et de G. Ritchie, avec les mêmes défauts et les mêmes qualités. Pour les défauts : quelques invraisemblances dans le scénario, un humour au second degré qui fait la part belle, et assez gratuitement, au politiquement incorrect (les nains, les obèses et les noirs en prennent pour leur grade) et deux ou trois baisses de rythme qui auraient sans doute pu être évitées avec un montage plus serré. Pour les qualités : le jeu impeccable des acteurs (un excellent casting), une écriture qui donne vie et âme aux personnages, l’effet « douche froide » des péripéties du script (on passe en quelques instants de l’humour au drame), la photographie et l’utilisation magique du décor naturel de Bruges, une des merveilles les mieux préservés de l’Occident médiéval.

Si on se prend au jeu de la lenteur de la première partie du film, la seconde partie, avec ses accès de violence assez surprenants, rétablit l’équilibre et donne la cohésion à l’ensemble. Au-delà du thriller, In Bruges est une fable aux intonations très catholiques (ce n’est pas pour rien que les deux héros sont des Irlandais pur jus) qui explore les notions de Paradis, d’Enfer et, surtout, de Purgatoire. Les toiles de Jérôme Bosch que Farrell et Gleeson découvrent dans leurs visites des musées sont le support symbolique de toute l’histoire : surréalistes et irrévérencieuses, elles parlent, comme le film, avec brio et humour, de la condition de l’Homme, de la perte et de la rédemption. Si dans la réalité, on pourrait douter des cauchemars existentiels des deux personnages principaux (il faut sans doute plus de nerfs qu’ils ont à eux deux pour faire un seul bon tueur à gages), la parabole que nous raconte le film légitimise ses invraisemblances.

Alors, il faut passer outre les quelques maladresses, de toute évidence dues au fait qu’In Bruges est un première œuvre (le casting de pros rétablit d’ailleurs la balance) et se laisser conduire dans le voyage qui nous est proposé avec ce film plus profond qu’il en a l’air, un film qui réserve autant de surprises qu’une promenade dans les rues médiévales de Bruges-la-Morte. Un film sincère et touchant. Inutile de dire que dès le générique de fin, on n’a qu’une envie : regarder sur Internet le prix d’un week-end à Bruges.

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