20 septembre 2008

Evening (Lajos Koltaï, 2008)

Vu DVD Z1 car apparemment le film n'est pas sorti en salles en France, Evening est un mélodrame comme on n'en fait plus (en fait, on en fait encore, puisqu'on a fait celui-là) qui s'est ramassé au box-office et fait étriller par la critique autorisée.

D'après un roman à succès de Susan Minot, le scénario est de Michael Cunningham (celui de The Hours). C'est le casting d'enfer qui m'a intrigué : Toni Collette, Vanessa Redgrave, Patrick Wilson, Hugh Dancy, Natasha Richardson, Meryl Streep, Glenn Close, Mamie Gummer, Claire Danes... Comment surpasser çà ?

De nos jours. Une femme (Redgrave) se meurt dans sa chambre. Ses deux filles (Collette, Richardson) la veillent. Au cours d'une poussée de fièvre, elle mentionne, exaltée, un mystérieux "Harris", que ses filles ne connaissent pas. Flashback dans les années 50 : la mourante est alors une énergique jeune femme (Dane) invitée au mariage d'une des ses amies de la haute (Gummer) qui épouse un riche type alors qu'elle est amoureuse d'Harris (Wilson), le fils d'une de ses domestiques. Pour compliquer les choses, le frère de la mariée (Dancy) en pince aussi pour le bel Harris mais c'est la demoiselle d'honneur qui se le tape. Secrets et révélations s'accumulent. Tout cela ne finit pas bien, vous vous en doutez.

Bien sûr, Evening n'est pas un film qui va réorienter l'histoire du cinéma mais c'est un plaisir visuel de tous les instants (Koltai est un directeur photo avant d'être un réalisateur) : la grande maison de maître isolée au bord de l'Atlantique, les costumes, coiffures et voitures des Fifties, les rayons du soleil couchant ou la brume qui s'étend sur le paysage... cela sent le bon classique d'antan, au premier degré et sans malice. Il y a un mariage, des morts, des rires, des pleurs, des péripéties improbables, des cris et des chuchotements. Et il y a le temps qui passe, un demi-siècle pour être précis. Les beaux jeunes adultes de 1955 sont devenus - pour celles et ceux qui ont survécu - des vieux tremblotants plein d'illusions perdues et de regrets inconsolés. Cerise sur la gâteau, Natacha Richardson joue la fille de Vanessa Redgrave (ce qu'elle est bien dans la vraie vie) et Meryl Streep joue le rôle du personnage agé qu'incarne sa propre fille (l'excellente Mamie Gummer, mais fera t-elle une carrière avec un nom pareil ?) lorsqu'elle est jeune. Si ce n'est pas de la mise en abime, çà !

Alors la critique (cf IMDB ou autres) à touvé le film "kitsch", "moribond", "languissant", "ridicule", "outrancier" et ainsi de suite. Pour ma part, j'ai passé un très bon moment grâce au savoir-faire déployé, par le réalisateur, les techniciens, les décorateurs et surtout par les acteurs (où plutôt les actrices car c'est absolument un film de femmes). Il faut voir Vanessa Redgrave se lever d'un bond de son lit d'agonie pour poursuivre des petites lucioles dans toutes les pièces de sa maison obscure, Meryl Streep écraser le reste du casting par une scène à la Meryl Streep ou Glenn Close piquer une crise d'hystérie à un tournant de l'histoire. Bref, un mélodrame des plus classiques qui aurait sans doute gagné à avoir une musique un peu plus bouleversante (Max Steiner, où êtes-vous ?) mais qui fonctionne plutôt bien si on aime les Women's Picture, dans tous les sens du terme.

J'adore les films sur le temps qui passe et les passions non vécues : Evening en est un exemple assumé, qui ne joue pas du tout la carte du post-classicisme comme Far from Heaven par exemple, mais la bonne émotion de l'âge d'or de la Warner Bros. (même si le film est Universal) : si vous ne pleurez pas comme une madeleine à la fin du film (car vous en avez vu d'autres), votre grand-mère, elle, sera sans doute toute retournée. Un film que je conseille à tous les cinéphiles sensibles.

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