20 septembre 2008

Blue Hawaii (Norman Taurog, 1961)

Blue Hawaii (Sous le Ciel Bleu d'Hawaii) est le film d'Elvis qui a eu le plus de succès en son temps, c'est aussi l'un de ceux qui a le mieux tenu le coup après 45 ans. Un pur film d'insouciance Sixties.

Elvis (Elvis dans ses films est toujours Elvis), tout juste revenu du service en Europe, retrouve Hawaii et la maison de ses parents, des Sudistes qui ont dû s'y installer il y a un bout de temps. Sa mère a des idées de grande carrière pour lui mais lui n'en a pas envie. Il préfère nager, surfer, chanter et conter fleurette à sa copine (la splendide brune Joan Blackman) qui travaille dans une agence de voyages. Elle lui trouve un boulot de guide touristique. Sa première mission est de guider 4 jeunes américaines et leur pimpant chaperon à la découverte de l'île...

La réalisation de Norman Taurog est plutôt plate mais Elvis et ses partenaires ont l'air de bien s'amuser, même si Angela Lansbury, qui joue la mère abusive au fort accent sudiste a dit plus tard que le film était le niveau Zéro de sa carrière. Elvis, à 25 ans, est à son plus sexy et l'alchimie avec Joan Blackman est parfaite. Le choix des décors naturels est excellent, des plages désertes aux complexes hôteliers qui commencaient à sortir de terre en passant par les rues des villes d'Hawaii du début des années 1960 et les champs d'ananas. Comme tout cela a dû changer depuis ! Panavision et Technicolor se complètent pour faire du film un très intéressant travelogue. Les tenues, coiffures et motifs sont un vrai régal pour les amateurs du style Sixties.

Comme dans tous les films d'Elvis qui suivront Blue Hawaii, le scénario n'est bien sûr que prétexte pour Elvis de pousser la chansonnette et comme d'habitude, il le fait très bien, même avec les morceaux les plus sirupeux. Il chante, seul ou accompagné des filles ou des Jordanaires, 15 chansons dont un certain nombre au rythme local avec ukulélé et autres instruments exotiques. Il y a du très bon et du plus faible mais rien n'est à jeter. C'est dans Blue Hawaii qu'il chante (une version courte de) "Can't Help Falling in Love", l'une ses ses plus ballades. Il la chante d'ailleurs à la grand-mère hawaïenne de sa copine, ce qui est assez déroutant il faut le reconnaître. J'aime beaucoup aussi "Moonlight Swim" chanté dans une voiture décapotable avec ses 5 clientes; le slow de plage "Ku-U-I-po", la ridicule "Ito Eats" qui la suit et "Beach Boy Blues", excellente. Les chorégraphies sont très très sages et puis soudain, avec "Rock-A-Hula Baby" ou "Slicin' Sand", les mouvements de jambes et de bassin qui ont fait le succès d'Elvis reprennent le dessus : le King réapparait un bref instant sous le roucouleur. Ce sont des moments géniaux, enthousiasmants. La fin du film est un cliché de première mais elle fonctionne quand même, roulée dans la guimauve.

Blue Hawaii a marqué un tournant dans la carrière de l'acteur Elvis Presley. Le Colonel Parker a vu que les bluettes de ce genre rapportaient bien plus de $ que des films plus sérieux comme King Creole ou Flaming Star : Elvis enchaînera les films légers et formatés jusqu'à son dernier. Mais Blue Hawaii, par le charme et l'enthousiasme de ses interprètes, les décors et la qualité des chansons, est - même si les fans d'Elvis ont tous leur film préféré - un de ceux qui tiennent le haut du pavé. J'ai trouvé le film tellement sympa que je l'ai regardé 2 fois en quinze jours, ce qui ne m'arrive jamais. Et de temps en temps, je me repasse une ou deux séquence, pour le plaisir et le fun. J'ai même acheté la B.O. qui tourne en boucle sur mon lecteur. Je m'en lasserai, c'est sûr, mais pour l'instant c'est du tout bon. J'ai d'ailleurs vu que de toutes les B.O. des films d'Elvis, c'est celle qui s'est le plus vendue depuis sa sortie. C'est ce qui s'appelle le charme sans doute.

J'ai aussi découvert sur le web que la jeune actrice blonde qui joue la petite boudeuse pendant un bonne partie du film (Jenny Maxwell) a connu une fin tragique à 39 ans, en 1981, prise en otage et tuée avec son mari, un avocat copain d'Elvis, lors d'un cambriolage de leur immeuble à Beverly Hills. Le genre de fait divers qui jette sur tout le film, rétrospectivement, un discret voile sombre.

2 commentaires:

  1. Bon je viens de découvrir le film : c'est typiquement le genre d'oeuvre tellement légère qu'elle peut être adorée ou bien passer totalement à côté de l'esprit du spectateur. Ca a été un peu mon cas, même si j'ai adoré le numéro d'Angela Lansbury.
    Bref, la ballade d'Elvis à la grand-mère c'est ce qu'il chante accompagné par la boite à musique ? Parce qu'il m'a semblé reconnaitre tout bêtement une version modernisée de Plaisirs d'amour ! Suis-je fou ?

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    1. Oui (tu as raiuson, non tu n'es pas fou), Can't help falling in love est une adaptation d'accords de Plaisir d'amour, c'est ce qui a du te sembler familier. J'adore le fait qu'il le chante à la grand-mère...
      Et oui aussi, c'est la légèreté du film (comme d'ailleurs presque tout ceux d'Elvis) qui me ravit à chaque fois. Il faut le prendre de la barbe à papa cinématographique.

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