20 septembre 2008

Black Book (Paul Verhoeven, 2007)

Black Book est un film qui m'a procuré un immense plaisir de spectacteur que je trouve d'habitude dans les grands films classiques hollywoodiens - Verhoeven a formidablement assimilé la syntaxe hollywoodienne pendant son escapade américaine - mais que je ne trouve plus, ou très rarement, dans la production contemporaine.

Sur 2h20, une histoire très dense dont les péripéties accumulées font penser aux sérials/mélos (DVDBeaver tape fort en disant que c'est "Anne Frank chez Showgirls", mais il y a un peu de çà), des changements de ton constants entre comédie et drame, une surprise de tous les instants dans les motivations et rapports des personnages... L'utilisation du cadre, des mouvements de caméra, des déplacements des acteurs sont d'un classicisme jubilatoire. La photo et l'utilisation de la couleur, splendides, ne dépareraient pas dans un film Technicolor de l'époque Kalmus. Et les acteurs sont tous à l'unisson, excellents, entraînés par une Carice van Houten que je découvrais pour la première fois (de la tête aux pieds), idéale dans un rôle qui m'a fait souvent penser à Scarlett O'Hara. Seule la musique m'a semblée un peu faible.

Un film à l'ampleur et au souffle admirables qui entre sans hésiter dans mes préférés des années 2000 et que je pourrai revoir régulièrement avec plaisir, comme Les Aventures de Robin des Bois, Autant en Emporte le Vent ou Casablanca. C'est d'ailleurs passionnant de comparer Black Book à The Good German : Verhoeven a brillament réussi là où Soderbergh s'est ramassé.

J'ai su que j'allais adorer le film quand j'ai vu cette scène du début au détail à priori insignifiant mais qui raconte déjà tout la suite : Carice van Houten est sur le porte-bagage d'une bicyclette qui file dans les rues de la ville occupée, croise une patrouille de soldats allemands et fait des rapides ciseaux avec ses jambes en remontant sa jupe et en riant à leur intention Economie et perfection, comme le tout dernier plan du film, qui ouvre un nouvel abîme sous les pieds des personnages.

L'humour parfois potache de Verhoeven va jusqu'à utiliser les véritables noms des acteurs pour faire sourire le spectateur : dans une scène-clé du film,Carice van Houten a la vie sauve parce qu'elle a du chocolat à portée de main... .

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